dimanche 17 octobre 2021

Matthieu Ricard sur l'accueil des victimes d'abus sexuel (C à vous)

Matthieu Ricardmoine bouddhistes'exprime sur le rapport Sauvé - C à vous - 18/10/2021

(Transcript de 0:00 - 3:05, mis en gras cursif ajouté par moi)

Journaliste : Vous comprenez cette règle du secret de la confession ?

MR : <soupir> C'est certainement pas à moi de juger. J'ai entendu hier un médecin qui disait que le même secret professionnel du médecin s’arrête lorsqu'il y a un danger, et lorsque il y a des souffrances qui sont en jeu et qu'on pourrait éviter.

Donc, si vous voulez, <sourire gêné> sans le moindre du tout m’immiscer dans ce débat,  je dirais que si notre but ultime est l'amour, la bienveillance et la compassion,  tout ce qui permet d’éviter la souffrance est éminemment désirable.

Je me rappelle que quand Kant disait qu’il ne faut pas détruire la texture de la vérité pour l’humanité toute entière, et que si quelqu’un, un criminel cherche à tuer quelqu’un et le poursuit, et qu’il vous demande par où il est passé, il faudrait dire la vérité. C’est un cas extrême, mais ça me paraît un peu bizarre du point de vue de la compassion.

Donc je pense qu’une éthique incarnée, où vraiment on fait de son mieux pour éviter de la souffrance, c'est personnellement ce qui m'inspire le plus.

Journaliste : La commission Sauvé, dont les conclusions sont sidérantes : entre 2900 et 3200 prêtres pédocriminels qui ont sévi dans l'église de France, depuis près de 70 ans, a soulevé également la question du célibat des prêtres. Est-ce que c'est une question qu'il faut se poser ?

MR : <explique ses raisons personnelles pour son choix du célibat>

(2:15) Journaliste : Mais ce qu’on comprend est que quand ce vœu de chasteté est subi très jeune et comme une contrainte, ça devient un problème.

MR : Si c’est une contrainte, c’est un poids qui se traduit par ce qu’on voit, et ce n’est malheureusement pas l’apanage des communautés chrétiennes, le bouddhisme ne fait pas exception, et dans toutes les communautés humaines, il y a 3% de psychopathes. On voit ça dans l’éducation, dans les familles, en fait le pire c’est presque dans les familles, dans le sport, le spectacle, on en voit en n’en plus finir. Ce qu’il faut, c’est accueillir les victimes, qu’elles ne soient pas laissées pour compte, des structures qui permettent de les guider, de les écouter, en temps utile, pas qu’elles aient besoin d’attendre 20 ans, 30 ans.

Journaliste :  C’est peut-être là où l’église a failli ?

MR : <sourire gêné> Moi je ne peux pas juger... J’ai toujours du mal à dire du mal des autres, mais c’est vrai que dire les choses à temps, être attentif, pleine de bienveillance, et non pas essayer de se protéger d’une façon ou d’une autre.

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Le reste de l’entrevue est consacré à la publication des Mémoires de Matthieu Ricard, la raison de sa fréquentation actuelle des plateaux de France télévision.

MàJ : La Libre Belgique Matthieu Ricard : "Il faut oser et nourrir la bienveillance, elle est contagieuse” 05/12/2021
"En Belgique, il y a eu un scandale avec Robert Spatz (chef d’une communauté bouddhiste, condamné à cinq ans de prison avec sursis, NdlR). Il a créé beaucoup de souffrances. Sa secte, ce n’est pas du bouddhisme, point final."

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A relire :

Rappel de la clause de non-responsabilité à Sagesses bouddhistes (20/06/2021) 

En attendant de nouveaux orages ? (12 décembre 2020)

Ce n'est pas une coutume tibétaine... (27 avril 2021)

Cruel indifference (en anglais, 6 octobre 2021) 

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