samedi 5 décembre 2020

Mise au point

 


Une petite mise au point avant de continuer ma série de billets, suite à une première mise au point sur Facebook.

Il y a une sorte de corporatisme naturel entre organisations religieuses dans certaines luttes qu’elles peuvent partager : contre “le communisme”, “le matérialisme”, les valeurs modernes, les sciences, bref contre tout ce qui pourrait être perçu comme une attaque des religions et de leur autorité. A cause des liens du passé, ou parfois même du présent, des institutions religieuses peuvent aussi se serrer les coudes avec des dynasties monarchiques, et défendre leurs intérêts communs, et leur autorité parfois partagée.

Les institutions religieuses, et notamment bouddhistes, vivent par des dons, des offrandes, de la charité. Certains pays nordiques, souvent protestants, prévoient des revenus dans le budget d’état pour les clercs et aumôniers homologués, toutes religions confondues. Généralement, les institutions religieuses vivent par la grâce de leurs fidèles. Dans le cadre d’une religion, il est souvent recommandé que le donateur se fasse discret, pour ne pas se gonfler d’orgueil, notamment dans les montants sont impressionnants. Cette discrétion a pu servir à dissimuler des revenus déclarés ou de l’argent provenant d’activités illicites, autrement dit de "l’argent sale".

 Le vinaya bouddhiste est très strict sur les liens avec l’argent. Il est interdit aux moines pleinement ordonnés d’y toucher. Ce sont alors d’autres qui gèrent l’argent du Sangha. Dans le noble octuple chemin du bouddhisme, le troisième point concerne les moyens d'existence justes ou la profession juste (samyag-ājīva), cela exclut des professions nuisibles à d’autres. Des exemples classiques sont les bouchers, les marchands d’armes, etc. Mais dans la voie des bodhisattvas, à cause de leur “habileté dans les moyens” (skt. upāyakauśalya) et leur sens d’égalité foncière (skt. samatā), les bodhisattvas ne sont pas sous le coup des lois conventionnelles. Ils restent néanmoins responsables de leurs actes au niveau conventionnel.

Dans le bouddhisme tibétain, la notion de “détournement de dons” (tib. dkor sgrib) eut son importance une certaine époque. Ainsi, peut-on trouver assez souvent le conseil de ne pas prendre en charge la gestion d’un monastère ou d’un siège (tib. gdan sa) dans les textes et les chants, afin d’éviter d’accumuler trop de karma négatif. Par exemple, quand de l’argent est donné pour effectuer des rituels destinés aux morts, il est essentiel qu’il ne soit pas utilisé pour autre chose etc.

Le Dalaï-Lama actuel n’était pas “un simple moine”, il était le chef séculier du Tibet, et après l’exil en 1959, le chef des Tibétains en exil, une position précaire et difficile. Comment un gouvernement en exil peut-il trouver des fonds pour fonctionner ? Avec des aides d’autres états, de “philanthropes”, de donateurs et de bienfaiteurs privés. Il en va de même pour les institutions religieuses en exil. Pour survivre dans un premier temps, on ne peut pas être trop regardant sur l’origine des dons. Il faut dire que c’est seulement assez récemment que la législation et la réglementation en matière de transferts d’actifs a changé, de façon à ce qu’il faut, officiellement, rendre compte de chaque sou transféré. Les transferts doivent être traçables. Cela va finir par mettre un terme définitif aux “dons discrets” de la part de donateurs anonymes. Tout cela est en train de changer sous nos yeux. Voilà pour ce qui est des “circonstances atténuantes”.


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