samedi 19 août 2023

Sur l'Ignorance de la Science de la Nature

Māhamāyā (détail), Himalayan Art 21960

La nature telle que nous pensons la connaître, en partie à travers les sciences, n’est pas la Nature enchantée des sciences traditionnelles d’antan, ou des sciences occultes anciennes et contemporaines. Cette Nature-là (majuscule N) est enchantée, car gérée par des “Agents”, qui ont des noms différents dans les différentes Sciences (majuscule S), qui portent sur la Nature, et qui, par l’intermédiaire de ces Agents, permettent une certaine influence sur et maîtrise de phénomènes, événements et incidents, etc. causés par la Nature. Toute fonction Naturelle a son Agent spécialisé, qui fait partie d’une vaste structure hiérarchique sous les ordres de la Nature personnifiée. Même si Elle était accessible, on ne dérangerait pas la Nature pour si peu, et s’adresserait plutôt à un Agent spécialisé.

Michel Hulin rappelle que la notion la plus ancienne de la māyā est celle du “pouvoir magique d’illusion”, détenu d’abord par les "démons", puis conquis par les dieux, dans le but "de se jouer de leurs ennemis en se dérobant à volonté à leur vue sous mille et une formes trompeuses". L'idée derrière cela étant de maintenir "les mortels captifs des liens du désir et de la crainte, de telle sorte que, mûs par l’espoir de récompenses dans l’ici-bas ou dans l’au-delà et par la peur de châtiments célestes, ils ne cessent de travailler pour le compte des dieux, les «nourrissant» constamment par les sacrifices qu’ils leur offrent." Qu'est-ce que l'ignorance métaphysique

Cette “ignorance métaphysique” traduit le terme sanskrit “a-vidyā” (tib. ma rig pa). Les “démons” sont souvent des dieux anciens, qui furent remplacés par un nouveau régime divin, et dégradés en “démons”. Parfois, même des cultes monothéistes ayant pignon sur rue ont pu être dégradés en des cultes “d’archontes” qui gardent les âmes “étincelles de lumière” prisonnières dans les geôles de fer sublunaires, et les empêchent de rejoindre la Lumière. Les nouveaux cultes posséderaient une Science (Gnose) qui leur permettrait de se libérer définitivement des geôles et de rejoindre la Lumière. C’est cette Science qui sépare ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, et qui sont dans l’Ignorance.

Il ne s’agit donc pas d’être ignorant en matière des sciences ou des lois de la nature, voire même en matière de la nature ou du fonctionnement de son esprit. La simple connaissance, maîtrise, etc. de son esprit, des passions, etc. ne suffirait malheureusement pas pour quitter définitivement l’Obscurité et de rejoindre la Lumière... Quelqu’un connaissant et maîtrisant parfaitement son esprit serait toujours Ignorant de la Science de la Nature lui permettant de rejoindre la Lumière. Tous les éveillés ne connaissent pas forcément la Science… L’Ignorance est donc une non-Science (a-vidyā), le non-accès à la Science. Pour avoir accès à la Science, il faut se tourner vers un Sage, un Sachant qui a reçu la Science dans le cadre d’une longue Transmission (souvent non-historique), dont les origines remontent tout en haut de l’Hiérarchie Naturelle, à la Nature Personnifiée. Impossible d’approcher Dieu, ou son équivalent, de plus près. La Science de la Nature est de première Source, de première main, de la dynamite, susceptible de tout faire sauter.
"Tous méditent sur ce sujet,
mais ne le réalisent pas.
Si tout le monde le réalisait, 
les manifestations des êtres s'effondreraient complètement. 
C'est pourquoi cette sagesse est secrète, obscure et non écriteMāhamāyā Tantra

thams cad kyis ni de bsgoms kyang //
de ni rtog pa ma yin no//
gal te thams cad rab rtogs na//
'gro ba'i rol pa rnam par 'jig_/
de phyir ye shes 'di gsang zhing //
mi gsal yi ge med pa'o
// Degé Kangyur volume 80, F.169.a
La Nature n’instruit pas directement aux humains, mais parfois des Sages réussissent à “écouter aux portes”, quand la Nature s’entretient avec son Mari invisible et silencieux, et à capter des bribes de Science, que les Sages retransmettent pour le bien de tous. L’origine d’une transmission peut sembler fortuite, mais en fait, tout est prévu et programmé, pour que des Agents soient envoyés en mission sur la Terre, parfois en y naissant comme vous et moi, afin de répandre la bonne nouvelle, ou la Science, qui mettra fin à l’Ignorance.

Un Sage connaissant parfaitement la Science de la Nature, peut être ignorant en matière de la nature, des lois de la société, et même du fonctionnement de son esprit. Cela ne l’empêche pas d’être Sage, et d’être en mesure de nous sauver et conduire à la Lumière. “Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes” (premier épître aux Corinthiens). La folie de Dieu, ou la folle sagesse de Sages tibétains. N’abusons pas trop des paradoxes.

Les bribes de Science sont déposées dans des textes. Malgré le principe d’a-historicité assumé, les Traditions aiment remonter à des époques très reculées, ou sinon au moins à l’époque du fondateur présumé de leur culte. Elles aiment penser que la transmission eut alors lieu oralement, haute-fidélité, de bouche à oreille. Cela doit expliquer le manque de sources écrites, ou de sources écrites tardives. Une fois écrits, les textes peuvent être inclus (ou non) dans des collections canoniques, et ils restent gravés dans du marbre comme étant les paroles d’un Messie ou d’un Sage. La modification étant impossible, il faudrait passer par des ré-interprétations pour garder une Transmission au goût du jour. Ou espérer que des textes anciens/nouveaux sont (re)découverts, de façon matérielle ou immatérielle. S’ils sont admis comme des textes canoniques par les Sages, le culte peut aussi évoluer de cette manière là, tout en restant dans le cadre de la Science.

Ce qui précède a pour but de faire une distinction entre ignorance et Ignorance dans le cadre du bouddhisme, même si les deux peuvent se confondre, notamment avec le concept de “réincarnation” et la libération du cycle des existences du saṃsāra, et toutes les théories à ce sujet. Un bouddhiste peut ne pas connaître la nature et/ou le fonctionnement de son esprit, et être un bon bouddhiste et serviteur de son Saṅgha, mais peut-il “Ignorer” la renaissance dans le saṃsāra et la libération du Bouddha, éventuellement en remettant son propre éveil à une autre vie ?

Je me suis plongé ces derniers temps dans des livres sur ce qu’on avait coutume d’appeler le “gnosticisme” et sur le milieu gnostique, et je n’arrête pas de découvrir ce que je crois être des “ressemblances” avec des milieux tantriques, avec toutes les variations internes possibles dans chacun des milieux. Notamment sur les concepts abordés ci-dessus : la Nature, la Science/Gnose, les Agents, le Salut, qui est une sorte de réunion avec la Lumière. Mais aussi le plérôme, les envoyés, les missions de sauvetage, la cosmogonie, l’importance de la généalogie et les substances génétiques, la transmutation, etc., jusqu’aux approches antinomiques…

Il y a des éléments dans les textes canoniques les plus anciens, qui supportent des réinterprétations répétées (commentaires), y compris encore de nos jours, mais il y en a d’autres qui sont simplement trop archaïques, ou ne sont pas compatibles avec nos valeurs occidentales (en difficulté certes).

Māhamāyā (détail), Himalayan Art 7751

J’ai très récemment traduit un petit texte intéressant de questions-réponses sur le yoga du rêve de l’école Shangpa, qui daterait du XIIIème siècle. Les groupes de pratiques que l’on appelle “yogas” ("chos", instructions, de Lavapa, Nāropa, Niguma, etc.) sont des compilations (plutôt tardives) de pratiques , qui sont rattachés à de (grands) tantras, considérés comme les paroles canoniques du Bouddha. Le terme "yoga" était le choix de W.Y. Evans-Wentz, l'auteur de Tibetan Yoga and Secret Doctrines (1958). Un tantra est toujours centré sur une divinité/yidam de type Heruka. Les "yogas" rattachés à un tantra spécifique ne le sont pas toujours pour des raisons évidentes. Selon Jamgön Kongtrul Lodrö Tayé (1813-1899), le yoga du rêve se rattacherait au yoginī Tantra de Māhamāyā, qui daterait de la fin du premier millénaire. Le lien entre l’échange des maîtres Shangpa Sangyé Nyentön et Sangyé Tönpa et ce tantra plutôt sauvage et antinomique n’est pas évident, quand on regarde son contenu. A moins que “what happens in a sādhana stays in the sādhana”...

Certes le nom Māhamāyā renvoie à la Māyā, mais intégrée comme Māha- (ou Vajra-) dans le bouddhisme tantrique, pour mieux La contrôler. Elle devient alors la glorieuse Vajraḍākinī, la souveraine des ḍākinīs, et l’essence même des cinq sagesses et des trois Corps (trikāya)[1].

Māhamāyā, HA102224

Grâce à la pratique du tantra de Māhamāyā, le yogi accompli peut “dérober aux Bouddhas, les filles des devas supérieurs, et en jouir. Il possède la Science, maîtrise le “Yoga”, et sait tisser la toile d’Indra[2].
Le grand yogī qui maîtrise l'animé et l'inanimé par la seule pensée
Se voit constamment offrir des choses désirables et est servi selon son bon plaisir
.”[3]
La terminologie de ce Buddhavacana a de quoi surprendre. Quel était l’objectif initial du tantra, à qui était-il destiné ? S’agit-il d’acquérir une totale liberté onirique, imaginaire, si l’on prend quelque peu au sérieux l’association de ce tantra avec le yoga du rêve, et l’échange à son sujet entre deux maîtres Shangpa ? Il semble destiné à des individus à la recherche de pouvoirs (siddhi), la maîtrise du “Yoga” et de l’accès (s’il le faut par abduction) aux meilleures femmes[4]. Les pouvoirs Scientifiques qu’il cherche à acquérir “le rendent pareil aux dieux”.[5] A cette fin, il se concocte un cocktail de substances considérées impures, auxquelles sont mélangées des substances génétiques, et fabrique une “grosse pilule” (gong bu chen po) magique, bourrée de principes actifs de siddhi. Le premier chapitre enseigne une approche alchimique externe, mais en utilisant des substances organiques. Le deuxième chapitre traite d’une approche alchimique interne, à la fois pneumatique et mantrique, et se termine avec un happy ending[6].

Le troisième chapitre concerne l’engagement (samaya), qui consiste en premier en l’ingestion (régulière ?) de pilules (ril bu) fabriquées avec diverses substances organiques, qu’on laisse macérer 7 jours dans la carcasse d’un chacal. Ces pilules sont dites dotées de grands pouvoirs. Le chapitre termine avec le sādhana pour obtenir les siddhi de la yoginī, qui confèrent de grands pouvoirs au yogi, y compris de nouveau celui de dérober des filles de deva à tous les Bouddhas[7]. Comme cela est mentionné deux fois dans le tantra, cela doit être particulièrement profitable à “tous les êtres”, de façon directe ou indirecte. Le tantra ne mentionne d'ailleurs pas la nécessité de réciter au préalable trois fois la prise de refuge en les Bouddhas (que le yogi compte par la suite dérober de leurs copines) et le développement d’une motivation pure.

Où se situe le lien entre ce tantra et la pratique du yoga de rêve dont parlent les deux maîtres Shangpa ? Cette question n’est pas anodine, elle est même essentielle. Il est probable qu’au XIIIème siècle, il n’y avait pas encore les six-packs de yogas. Il y a même des (certes faibles) indices que la lignée Shangpa n’avait pas encore les “Six yogas de Niguma”, et que le maître Shangpa Mokchogpa (rmog lcog rin chen brtson 'grus 1110-1170) n’avait reçu que les pratiques du corps illusoire, le rêve et le rayonnement lumineux (prabhāsvarā) quand il rencontra Gampopa, et aurait reçu de Gomtshul (sgom pa tshul khrim snying po 1116-1169) les autres yoga des “six yogas” de Nāropa, qui eux aussi n’existaient probablement pas encore sous leur forme actuelle, et certainement pas en tant que groupe de 6 yogas. Il n’est pas exclu que l’association de chacun des six-pack yogas à un tantra spécifique soit le résultat de systématisation ultérieurs.

Il n’y a donc peut-être pas de lien entre le tantra de Māhamāyā et le “yoga du rêve”. Par la suite, c’est-à-dire quand on commence en effet de parler de groupes de six yogas, et qu’ils avaient été associés avec des tantras spécifiques, il fallait avoir reçu le tantra du yidam correspondant “spécifiquement“ à un yoga pour être autorisé à le pratiquer. Rien de cela n’apparaît encore dans l’échange entre les maîtres Shangpa. Dans l’école Shangpa, on (Tārānātha 1575–1634) avait d’ailleurs trouvé une solution astucieuse, en concevant une seule initiation (et sādhana[8]) pour les six yogas. La divinité principale étant Cakrasaṃvara, en union avec Vajravārāhī (gtum mo), avec les autres herukas dans les chakras de son Corps, et parmi ceux-là Māhamāyā sous forme masculine[9]

L’introduction de la traduction anglaise du tantra publiée sur le site 84000, tente l’explication suivante.
Cette ambiguïté de genre est clarifiée si l'on considère que le tantra décrit Mahāmāyā comme une forme féminisée de la réalité absolue. On dit qu'elle imprègne tout dans les trois mondes, qu'elle est la source de tous les dieux et qu'elle crée, soutient et détruit l'univers. Plus important encore, elle est exactement ce que son nom suggère, la "grande illusion" qui constitue la réalité apparente. Lorsqu'elle s'incarne, elle peut le faire sous n'importe quelle forme nécessaire, qui, dans le contexte de ce tantra, est Heruka, la divinité masculine que l'on trouve le plus souvent au centre des maṇḍalas tantriques.[10]
Le Bouddha tantrique du bouddhisme tibétain, notamment celui des tantras dits “de la deuxième propagation” s’appelle Vajradhara, entre autres mythologiquement un général yakṣa promulgué en chef des dieux et Bouddhas. Il fait équipe avec la Vajraḍākinī, “la souveraine des ḍākinīs, et l’essence même des cinq sagesses et des trois Corps (trikāya)”, dont Māhamāyā est un des aspects. On retrouve ainsi un couple Dieu-Nature, Puruṣa-Prakṛti, ou autre Dieu invisible, silencieux et “passif”, à transcendance et immanence variable, dont la Pensée/Puissance (indissociable de Lui) sera directement ou indirectement la cause de la création (māyā).
Elle imprègne tout l'Œuf de Brahmā, l'animé et l'inanimé. Elle est la source de toutes les déesses et règne sur Brahmā et les autres. Elle est leur grand secret, la grande reine Mahāmāyā. Elle est la grande illusion, intensément féroce, qui détruit tout ce qui existe. Elle imprègne tout cela : l'animé et l'inanimé, les trois mondes. Maintes fois, elle rassemble et émane à nouveau le triple monde. Cette mère des guhyakas est célébrée comme l'essence de l'illusion. Elle est la connaissance qui perfectionne les trois mondes et satisfait tous les désirs.[11]Tantra de Māhamāyā
On trouve une idée de “création” (émanation) similaire dans les milieux gnostiques et manichéistes. Le Bouddha de Lumière de Mani est assisté par la Vierge de Lumière, une “vierge mâle” (bisexué), pouvant se manifester en différents genres. Déjà dans le bouddhisme mahāyāna, Amitābha est assisté par une “Vierge de Lumière” (Avalokiteśvara) et par Mahāsthāmaprāpta (mthu chen thob). Avalokiteśvara ou Guānyīn, peut être masculin, féminin, et même féminin avec des traits mâles. La création/émanation peut être un processus plus ou moins complexe, avec plus ou moins de couches/sasses afin de maintenir une “limite” sécurisée entre l’absolu/l'un et le multiple, ou la Lumière et l’Obscurité.

Un autre élément Gnostique sont les chaînes de mantras constitués de voyelles et de consonnes.
"Une chaîne égale à celle de l'āli kāli y est enroulée.
La chaîne supérieure s'enflamme et s'écoule vers le bas,
Une goutte de nectar en écoule sous forme de sperme
[12]."
Tout cela relève de la Science de la Nature. Ceux qui LIgnorent ne peuvent pas être libres et ils ne seront pas sauvés. ils continueront à tourner dans l’Obscurité.

Pour finir, encore une petite idée qui m’est venue en lisant le Tantra de Māhamāyā et l’échange sur le rêve entre les maîtres Shangpa. Cela pourrait éventuellement constituer un lien entre le tantra et le yoga du rêve. Il s’agit du deuxième chapitre du tantra sur la pratique pneumatique.
2.2 Rien qu’en la visualisant, la yoginī accorde la meilleure des choses.
Appliquez la première syllabe et maintenez le pneuma ascendant.
Tout en prenant ce qui vient à la fin des huit avec ū et le bindu,
Le yogī tourne le pneuma vers le bas, abandonnant le réel et l'irréel
.[13]"
Cela pourrait être une transposition mythologique en une pratique pneumatique. La première syllabe est la voyelle A. Les voyelles suivantes de la chaîne de 12 voyelles sont Ā I Ī U Ū E AI O AU AṂ AḤ. Je n’ai pas accès à la version sanskrit du tantra pour en vérifier la formulation exacte. “Ce qui arrive à la suite des huit (A Ā I Ī U Ū E AI)” (avec ou sans le A initial ?), le bindu du AḤ ? Ce que je pense comprendre est que le “niveau des voyelles” se situerait entre le premier niveau de la manifestation visible[14] (A ?) et les consonnes (le multiple), et correspondrait au niveau symbolique du saṃbhogakāya, permettant de ne s’investir ni dans le réel ni dans l’irréel. Le contrôle des pneumas supérieurs et inférieurs permettrait de rester “pneumatiquement” dans ce Milieu/Centre.

Si ce n’est pas un effet (psychosomatique) réel, ce sera au moins un puissant rappel…

***
[1]I pay homage to the protector of beings, Glorious Vajraḍākinī, Universal sovereign of the ḍākinīs, the very essence of the five wisdoms and three bodies.” Dharmachakra Translation Committee 84000

Degé Kangyur volume 80, F.167.a.
dpal ldan rdo rje mkha' 'gro ma//
mkha' 'gro ma yi 'khor lo bsgyur//
ye shes lnga dang sku gsum nyid//
'gro ba skyob la phyag 'tshal lo//

[2]Abducted from the buddhas, the maidens of the highest gods are enjoyed. The yogī has knowledge, masters yoga, and weaves Indra’s Web.” traduction Dharmachakra Translation Committee 84000

Sangs rgyas kun las phrogs nas su//
lha mchog lha skyes bu mo skyod//
rnal 'byor dbang phyug byed rig pa//
de bzhin du ni mig 'phrul byed//

[3] "The great yogī who masters the animate and inanimate with thought alone Is constantly offered desirable things and served according to his pleasure". Dharmachakra Translation Committee 84000

gang zhig bsams pa tsam gyis ni//
rgyu dang ni rgyu 'grub 'gyur ba'o//
'dod pas kun la nyer spyod pa//
ji ltar 'dod bzhin bsten byas na// Degé Kangyur volume 80, F.168.a

[4]Tantras centered upon yoginīs and ḍākinīs, whether Buddhist or non-Buddhist, typically emphasize the attainment of mundane powers over the transcendent”. Introduction 84000

[5]J'expliquerai cet accomplissement spirituel de la sagesse, par lequel l'état de dieu est rapidement atteint - Déesse, je dis la vérité !
To you, Mahāmāyā, I will explain the accomplishment of the three worlds, The garland of syllables of the most excellent among the great yoginīs. Dharmachakra Translation Committee 84000

sgyu 'phrul chen mo khyod la ngas//'
jig rten gsum 'grub de bshad bya//
rnal 'byor chen mo rnams kyi ni//
bzang po'i yi ge'i phrang ba rnams// Degé Kangyur volume 80, F.168.a

[6] 2.20 With the thumb and ring finger, place the wish-granting jewel in the mouth, And attain the everlasting spiritual attainment arisen from the nature of the nectar. 84000

"The final two verses of the second chapter describe, in a typically occluded fashion, the ingestion of sexual fluids that marks the culmination of the meditation sequence. The verses instruct the yogī to keep his mind free of concepts and take the “wish-granting jewel” between his thumb and ring finger and place it in his mouth. Kṛṣṇavajra explains that this refers to the ingestion of “relative bodhicitta” (kun rdzob kyi byang chub sems, i.e., semen) after its prolonged retention in the tip of the penis. In the parlance of the later tradition, this marks the completion stage section of the practice. In the words of the tantra itself, the ingestion of sexual fluids triggers “everlasting spiritual attainment.” Introduction 84000

mthe bong dang ni srin lag gis// kha ru yid bzhin nor bu ni// bdud rtsi'i rang bzhin las byung ba'i// rtag pa'i dngos grub thob par 'gyur// Degé Kangyur volume 80, F.169.b

[7] "3.13 Plunder from the buddhas and enjoy sublime celestial girls". 84000

sangs rgyas kun las phrogs pa dang //
lha yi bu mo mchog la spyod// Degé Kangyur volume 80, F.170.a

Note de 84000 “ Ratnākaraśānti reads siddhānāṃ kanyām, “the maidens of the siddhas” [G, p. 41]. This line corresponds closely with verse 12.52, line 3 of the Guhya­samāja­tantra.”

[8] rGyud sde lnga’i lha lnga gtso bor bsdus pa’i man ngag bla ma gong ma’i phyag len. DNZ, pp. 333–39; ST, vol. 4, pp. 115–31

[9] Ce que permet d'ailleurs le Tantra de Māhamāyā.

Following this exhaustive account of the attainments, the first chapter closes with a description of a short sequence of visualization. The reader may be puzzled at this point to find that Mahāmāyā, who had, up to this point, been invoked using explicitly feminine epithets, is suddenly referred to using undeniably masculine terms. Though some suggest this is the tantra of a male deity with a feminine name, Mahāmāyā is a female deity, as the verses of invocation make clear‍—she is the great Queen Mahāmāyā, the mother of the guhyakas, and the queen of yoginīs. She is consistently addressed using a specifically feminine epithet, vidyā, that simultaneously invokes her status as the embodiment of knowledge and as the female deity presiding over a maṇḍala. And yet here, and in the third chapter where her iconography is fully described, she becomes the male Heruka, the Virile One (vīra) embracing the consort Buddhaḍākinī.” Introduction 84000

[10] Traduction française automatique DeepL. L'original en anglais:

This gender ambiguity is clarified when we consider that the tantra describes Mahāmāyā as a feminized form of absolute reality. She is said to pervade everything in the three worlds, to be the source of all the gods, and to create, sustain, and destroy the universe. Most importantly, she is exactly what her name suggests, the “great illusion” that constitutes apparent reality. When she takes embodiment, she can do so in any form necessary, which in the context of this tantra is Heruka, the male deity most frequently found at the center of tantric maṇḍalas.”

[11]She pervades the entire Egg of Brahmā, the animate and inanimate. She is the source of all goddesses and rules over Brahmā and the rest. She is their great secret, the great Queen Mahāmāyā. She is the great illusion, intensely fierce, who destroys all that exists. She pervades all of this: the animate and inanimate, the three worlds. Time after time she gathers in and again emanates the triple world. This mother of the guhyakas is celebrated as the essence of illusion. She is the knowledge that perfects the three worlds and fulfills all desires.” 84000

gang zhig gis ni kun khyab pa//rgyu dang mi rgyu tshangs sgo nga //lha mo thams cad skyed byed cing //tshangs la sogs pa'i bdag nyid che// de rnams kyi ni gsang chen 'di//sgyu 'phrul chen mo dbang phyug che//sgyu 'phrul chen mo drag chen mo//'byung ba yang dag sdud mdzad ma// gang gis 'di kun la khyab pa//rgyu dang mi rgyu'i 'jig rten gsum//des ni de nas 'di bsdus nas//'jig rten gsum po yang spro'o// gsang ba pa rnams 'di yi ni//sgyu ma'i bdag nyid ces rnam grags//'jig rten gsum sgrub rig ma ste//'dod pa thams cad rab ster ba// Degé Kangyur volume 80, F.167.b

[12]A chain equal to that of the āli kāli is coiled there.
The upper chain ignites and is made to flow downward,
A drop of nectar flowing in the form of semen.

A li kA li mnyam byas te//ri mo de la sbyar bar bya// ri mo steng du 'bar ba mthar//'og tu 'bab par byed pa'o//khu ba'i tshul gyis 'bab pa ste//bdud rtsi'i thigs pa'i gzugs las so// Degé Kangyur volume 80, F.168.a

[13] “2.2 Merely visualizing her, the yoginī grants the best of things.
Apply the first syllable and sustain the upward breath.
Taking that which comes at the end of the eight together with ū and the bindu,
The yogī moves the downward breath, abandoning the real and unreal
.” 84000

rnal 'byor ma mchog ster 'gyur ba//dang po'i yi ge'i sbyor ba yis//rtag tu dgugs ni gtang bar bya// brgyad pa'i mtha' dang yang dag ldan//u dang thig ler bcas pa yis//rnal 'byor pa yi dbugs rngub byed//dngos dang dngos med rnam spangs pa'o// Degé Kangyur volume 80, F.168.b


[14] Qui serait aussi celui de Māhamāyā ou d’une “Vierge de Lumière”.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire