mercredi 14 novembre 2018

Esoterisme, illuminisme et mysticisme


L'homme cosmique selon Hildegard von Binge
Le mot ésotérisme (le substantif pas l’adjectif), qui ne date que du XIXème siècle désigne tous les enseignements secrets (mystères,c’est-à-dire les « choses secrètes » ou « occultes ») donnés dans le cadre d’une initiation, toute traditions confondues. C’est le caractère secret de l’enseignement et la transmission dans le cadre d’une initiation, ou équivalent, qui rend un enseignement ésotérique. Les « cultes à mystères » apparus aux premiers siècles de notre ère sont d’ailleurs aussi appelés cultes « initiatiques » ou « orientaux », à cause de leurs origines chaldéennes.

Le mot ésotérique signifie « Qui est réservé aux seuls initiés » ou selon une certaine étymologie « de l'intérieur, de l'intimité », ce qui conduit quelquefois à des traductions comme « intériorité » ou « intériorisme », ce que Antoine Faivre trouve acceptable à condition « de ne pas donner à ce mot un une interprétation romantiste ou intimiste qui négligerait l’entrée en résonance avec le monde et Dieu au profit de la seule introspection. »[1]

Message d'accueil à la grotte de Sainte Marie-Madeliene, Sainte Baume
Ésotérisme peut donc se référer aux mystères de la Grèce antique, l’hermétisme alexandrin, le pythagorisme, le néo-platonisme, la Kabbale juive, la Kabbale chrétienne, l’hermétisme chrétien, ainsi que toutes les formes ésotériques de type néo- qui sont parfois des renaissances (revivals) de formes anciennes (hermétisme néo-alexandrin,…).

L’Islam, le bouddhisme (vajrayāna, Dzogchen ésotérique, Shingon), le taoïsme etc. ont également des traditions ésotériques. Le mot ésotérisme ne se limite pas non plus aux seules traditions anciennes et bien établies, mais peut s’utiliser aussi pour les traditions plus récentes (théosophie, New Age,…), notamment par rapport au type de contenu et aux thèmes ésotériques.

Les transmissions ou initiations ont pour but de transmettre une connaissance ou une expérience (illumination,…) relative à Dieu ou une Divinité, au monde divin, à la Nature vivante gérée par des agents[2]. Dans les traditions posant une dualité forte entre un Dieu transcendantal et le monde créé, la connaissance ésotérique (des œuvres divines et des intermédiaires) n’a pas vraiment lieu d’être. La connaissance de la Divinité, ou l’union avec celle-ci, est plutôt de type mystique, un silence plus silencieux... Les transmissions ésotériques se trouvent surtout dans les traditions où (un) Dieu s’implique directement ou indirectement (par le biais de la Nature) dans le monde. Les connaissances ésotériques se rapportent dans ce cas le plus souvent aux entités intermédiaires (anges, intellects agents) de la Nature. Plus ces entités sont haut placées dans l’hiérarchie céleste, c’est-à-dire plus proche de la source qu’est la Divinité, et plus la connaissance (gnose) sera profonde et secrète (occulte).

La gnose peut-être de différentes natures et accessible par différentes approches. Historiquement, le mot gnose se rattache au gnosticisme (essor au IIème siècle).

« jusqu’au baptême, disent-ils, la Fatalité [astrale) est réelle : mais après le baptême, les astrologues ne sont plus dans la vérité. Ce n’est pas seulement le bain qui est libérateur, mais c’est aussi la gnose :
‘ Qui étions-nous ?’
‘ Que sommes-nous devenus ?’
‘ Où étions-nous ?’
‘ Où avons-nous été jetés ?’
‘ Vers où nous hâtons-nous ?
‘ D’où sommes-nous rachetés ?’
‘ Qu’est-ce que la génération et la régénération ?
’ (doctrine du Cercle de Théodote, disciple de Valentin, cité par Clément d’Alexandrie).
On remarque au passage, que le Bouddha aurait jugé ce type de question « mal posée » (voir le Phagguna Sutta). Cette gnose, qui affranchit de la « Fatalité astrale », embrasse la destinée humaine dans son ensemble : avant, pendant et après l’existence terrestre. Les questions posées suggère que la vie d’ici-bas est une déchéance : on y est jeté malgré soi ; on devient autre chose que ce qu’on était primordialement ; cette aliénation équivaut à une sorte de captivité, d’où l’on a besoin d’être racheté.Naître en ce monde de la génération conduit obligatoirement à la mort, a moins qu’on ne soit régénéré. L’agent de cette libération et avant tout la gnose, associé au bain baptismal. »[3]

Notons au passage que les questions citées ressemblent aux 14 questions métaphysiques que le Bouddha refusa de répondre.[4] Mais c’est justement ce type de questions qui intéresse la gnose et l’ésotérisme en général, qui ne manquent pas de fournir des réponses (et bon nombre d’injonctions associées). La gnose fait naître ou renaître[5] (régénère), et en ce faisant nous unifie et libère.[6] Dans la gnose, la connaissance de soi et la connaissance de Dieu ne font qu’un, mais elles ne peuvent être atteintes que par un troisième type de gnose, qui est la « connaissance de la voie », révélée par un sauveur.[7] Une Révélation qui conduit à une connaissance entre croire et savoir, qui est « imaginal », à ne pas confondre avec imaginaire, mais à prendre au sens du monde imaginal de Henry Corbin.
« La gnose en effet n’est pas le savoir tout court ; entre croire et savoir il y a ce troisième terme, l’Imaginal. »[8] 
« La gnose est vision intérieure. Son mode d’exposition est narratif ; c’est un récital. En tant qu’elle croit, elle sait. Mais en tant que ce qu’elle sait ne relève pas des évidences positives, empiriques ou historiques, elle croit. Elle est sagesse et elle est foi. Elle est « Pistis Sophia ». »[9]
C’est une connaissance qui se construit degré après degré (sct. krama) et qui libère progressivement. C’est une ascension progressive. Ce type de pensée, que nous connaissons surtout par le gnosticisme, est initialement une conception chaldéenne « adoptée par les « maguséens » des mages Iraniens immigrés qui propagent en Mésopotamie et en Asie Mineure un mazdéisme syncrétique. Rencontrant les Grecs en Ionie, ils transmettent aux pythagoriciens la conviction que l’âme est immortelle et divine, comme les astres dont elle est issue. Développé dans le Phèdre de Platon, cette doctrine est devenue, au début de notre ère, une opinion commune. Néanmoins, les gnostiques lui impriment leur marque spécifique : selon eux, la chute de l’âme est antérieure à la création du cosmos. Elle remonte à une catastrophe primordiale survenue au sein du Plérôme, dans l’entourage même de Dieu. Alors que les idées divines se constituent en entités spirituelles appelées « éons » [kalpas], qui célèbrent éternellement la gloire du Premier Père, l’une d’entre elles, qui s’est détournée de son rôle, et exclue de la plénitude de l’être. Son affliction donne naissance à la matière, où elle enfante un Démiurge qui façonne le monde visible. La création de l’homme, capable d’intelligence et de gnose, est une ruse de la providence pour récupérer la lumière déchue. »[10]

Le monde « sous-lunaire » est sous l’influence des astres, qui sont des dieux, des intermédiaires de la Nature divine, d’où l’importance de l’astrologie (et sciences associées) pour les chaldéens et tous ceux qui ont subi leur influence directement ou indirectement. Par voie religieuse, philosophique, ésotérique, et « scientifique ».

La gnose, et la connaissance ésotérique de manière générale, est souvent transmise comme une voie initiatique. Une voie qui comprend un initiateur, qui a reçu la révélation ou la transmission, une connaissance occulte et un initié. La connaissance occulte régénère et « fait renaître » l’initié qui est réintégré dans le Corps mystique ou le maṇḍala des initiés. C’est une voie progressive qui passe par des intermédiaires, humains, divins, anges etc., ou, en absence de ces entités dans un système non-théiste, par des stades, terres et niveaux plus ou moins enchantés et habités, ou des dhyāna, samādhi et samāpatti. L’ombre de Dieu est toujours un peu Dieu…

Les sciences ésotériques (toutes traditions confuses), pour scruter la volonté divine ou acquérir des gnoses pratiques sont très variées : l'astrologie, la magie, l'alchimie, l’aéromancie, l’astromancie, la bibliomancie, la capnomancie, la cartomancie, la chiromancie, la cristallomancie, la dactylomancie, la nécromancie, la divination, la médecine occulte, l’hermétisme, l’angéologie, la gnoséologie, la prophétologie, l’immamologie, la « lamalogie », etc. etc.

L’ésotérisme connaît cependant aussi des formes de gnose non-progressive, directe, sans intermédiaires, et qui sont de type « illuministe ». Le mot, et le phénomène en Occident, ont leur origine en le XVIIIe siècle. Je reprends ici un passage de la page Wikipédia.
« L’illuminisme est un courant de pensée philosophique et religieux qui se développe au XVIIIe siècle en Europe et qui se fonde sur l'idée d'illumination, c'est-à-dire d'une inspiration intérieure directe de la divinité ou de ce qui en émane. Il revendique une croyance affranchie de la religion révélée et reliée intérieurement à Dieu sans médiation autre que spirituelle. S'appropriant la métaphore associée aux Lumières, l'illuminisme propose une définition élargie des « lumières » de la raison, compatible avec l'imagination et la sensibilité, et s'associe à une conception du divin susceptible de faire entrer en résonance l'homme, la société et l'univers.

Ce courant de pensée peut être interprété comme une réaction à l’esprit matérialiste des philosophes encyclopédistes du XVIIIe siècle et à la philosophie institutionnelle à laquelle ils appartiennent. Il constitue le principal courant de la théosophie à partir de cette période.

Si l'illuminisme est surtout représenté par des « théosophes », influencés par la pensée de Jacob Boehme, il l'est aussi par ceux qui se trouvent en affinité intellectuelle ou spirituelle avec eux : certaines figures du romantisme allemand et de la Naturphilosophie, par exemple, certains mouvements ou organisations ésotériques, aussi, parmi lesquels on compte des sociétés initiatiques d'obédience maçonnique ou para-maçonnique, des fraternités à teneur occultiste, etc. » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Illuminisme)
Les illuministes sont aussi des anti-Lumières dans le sens que, même s’ils sont moins ésotériques, ne veulent pas exclure les lumières divines des Lumières… Il y a deux types d’illuminisme : un illuminisme qui s’appuie sur des lumières divines ou équivalentes, et un illuminisme qui s’appuie sur les lumières humaines, la raison, en rejetant les autres lumières, qu’il considère comme de l’obscurantisme. A ne pas confondre les deux précise la page Wikipédia.

Quand on dit que le Bouddha atteint l’Illumination[11], de quel type d’« illuminisme » parle-t-on ? Les bouddhistes ésotériques diront le premier type, gnostique, tandis que les bouddhistes « rationalistes » diront plutôt le deuxième type, vu le pragmatisme du Bouddha pāli notamment (les 14 questions, les paraboles de la flèche, de la poignée de feuilles, l’interdiction de la magie, les critiques du ritualisme brahmaniste etc.). Ces derniers parleraient plutôt d’éveil, de bodhi ou même de prajñā, qui n’est pas une gnose dans le sens ésotérique du terme. Charles (Karl Eugen) Neumann, l’inventeur du Bouddha « illuminé », est d’ailleurs aussi l’auteur de « Die innere Verwandtschaft buddhistischer und christlicher Lehren », qui avait inspiré le théosophe Karl Hecker, adepte du « réincarnationisme », et qui fut peut-être un des premiers inventeurs du « bouddhisme protestant ». Il avait comparé le Bouddha à Luther, dans le sens qu’il le vit comme le réformateur de l’hindouisme.[12]

Avant les illuministes du XVIIIème siècle, il y a eu d’autres formes d’« illumination ». Ainsi par exemple Saint-Augustin parle d’une lumière éblouissant son esprit :
« Et lorsque l’éclat même de la vérité me frappait les yeux, et me faisait violence en quelque sorte, mon esprit s’éblouissait de sa lumière, et se tournait aussitôt de la considération des choses incorporelles pour s’attacher aux couleurs, aux linéaments et aux grandeurs palpables et sensibles qui se trouvent dans les corps. Et parce que je ne pouvais former dans mon esprit aucune image corporelle, par laquelle je me pusse figurer mon âme, je croyais qu’il m’était impossible de la concevoir. »[13]
Il y a l’épisode de la Lumière du ciel enveloppant soudainement Saint Paul sur la route de Damas et qui l’éblouit[14]. Ou, déjà davantage ésotérique, la philosophie « illuminative » (Ishrâq) de Sohrawardi (1155-1191), dont la possible influence, directe ou indirecte, sur le bouddhisme ésotérique tibétain et le Bön reste éventuellement à déterminer. De toute façon, n’oublions pas le rôle primordial des Chaldéens, dont les idées furent « adoptée[s] par les « maguséens » des mages Iraniens immigrés qui propagent en Mésopotamie et en Asie Mineure un mazdéisme syncrétique ». (Faivre). La philosophie de la lumière de Sohrawardi est considérée comme « la restauration de la sagesse de l’ancienne Perse »[15].

Même si le bouddhisme, dès le bouddhisme pāli, parlait de la pensée naturellement lumineuse (s. cittaṃ prabhāsvaram), il s’agissait plutôt d’une métaphore de la pureté de la pensée, qui tout en pénétrant partout restait indemne, semblable à la lumière du soleil. Par la suite, notamment dans la doctrine du tathāgatagarbha, la pensée lumineuse gagnait en substance, et devenait une sorte de gnose (jñāna) primordiale autogénérée. Même en la disant vide ou vacuité par nature, on ne se débarrasse pas ainsi de l’idée positive d’une entité spirituelle. Dans les pratiques ésotériques du Kalacakra Tantra (où l’astrologie et les sciences associées jouent un rôle prépondérant), des cycles de l’Essence séminale du Cœur, des Yogas de Nāropa etc., cette Lumière ou Luminosité devient l’objet à atteindre, rejoindre ou réintégrer. Semblablement à la gnose, elle est à la fois la base, la voie et l’objet. Surtout la voie d’ailleurs, qui constitue proprement une religion.

Indrabhūti écrit dans son Jñānasiddhi-nāma-sādhanopikā[16] :
« Le foudre universel s'étend partout
Et pénètre entièrement l'espace (sct. ākāśa)
Il pénètre le mental de tous les êtres
Et il est la source universelle de tout ce qui est vertueux (sct. puṇya)
Le foudre qui pénètre les contraires
Est ce qui connaît (sct. saṁvedya) tout, le Guide du monde
Ce roi qui tient le foudre
Est le sujet de tous les tantras
»[17]
Comparez par exemple avec le texte gnostique (Nag Hammadi) Tonnerre, l’Intellect parfait, où c’est la déesse Isis, personnification divinisée de la Nature, qui parle et qui dit qu’elle est tous les contraires. Elle est présente en tous les plaisirs et peines du saṁsāra et du nirvāṇa pourrait-on dire, tout en restant insaisissable.
« C’est moi (celle) qu’on appelle « la vie »
et vous m’avez appelé la mort.
C’est moi (celle) qu’on appelle « la loi »
et vous m’avez appelé là « non-loi ».
C’est moi (celle) que vous avez poursuivie
et c’est moi que vous avez saisie.
C’est moi (celle) que vous avez dispersée
et vous m’avez rassemblée
. »

« C’est moi dont vous vous êtes cachés
et vous m’êtes manifestés.
Or quand vous vous cacherez,
moi-même, je me manifesterai.
Car [quand] vous vous [manifesterez à moi],
moi-même,[ je me cacherai] de vous
. »[18]
Même « philosophiques », les doctrines lumineuses sont souvent des mélanges d’éléments mystiques et ésotériques. A se demander aussi, si, dans le cadre d’une religion, le classement en exotérisme et ésotérisme a un sens, au niveau du contenu. Contrairement aux doctrines exotériques, les doctrines ésotériques sont secrètes et se rapportent à des connaissances approfondies et pratiques des mêmes éléments mythologiques, cosmogoniques, astrologiques, théogoniques, hiérarchiques, anthropogoniques, généalogiques et sont comme des spin-off d’éléments que partagent l’exotérisme et l’ésotérisme. D’un côté, la connaissance est superficielle (simple), de l’autre « approfondie » (experte, docte). C’est par le biais de cette « expertise » que les experts sont habilités à guider les simples. Cela ne se limite d'ailleurs pas à la religion…

En même temps, plus les siècles passent et plus des secrets sont dévoilées et plus la connaissance occulte « s’approfondie » et devient vaste. Comme si la Révélation était plus pauvre à l’origine (ne disposant pas des spin-off futurs), au moment même de la Révélation… Les experts expliquent cela par l’éternité du monde imaginal. Les ésotériques ont des réseaux de contacts divins, semi-divins et démoniaques, qui leur permettent de toujours approfondir, renouveler et remettre à jour leurs connaissances. Sans y avoir accès, les exotériques croient néanmoins en l’existence de ces êtres et du monde imaginal, et se laissent guider par les experts.

En ce qui concerne le yoga de la Lumière, ou « Claire Lumière », du bouddhisme ésotérique, il tente de réintégrer la Lumière le jour, la nuit pendant le sommeil et après la mort. Le yoga de la Lumière est intégré le jour par une pratique, telle la mahāmudrā[19], non-tantrique de type mystique. L’intégration nocturne et post-mortem sont en revanche des pratiques tantriques, initiatiques et donc ésotériques. La Lumière y est une gnose, un savoir qui croit ou une croyance qui sait. La luminosité fondamentale est définie comme « l’expérience (rig pa) instantanée, lumineuse et infinie, qui éprouve les bonheurs et les souffrances du saṁsāra et du nirvāṇa »,[20] qui peut être rejoint, au niveau de la voie, de façon mystique (« illuministe ») et ésotérique.

L’éveil non-ésotérique du Bouddha, tel qu’on peut le déduire des « fragments les plus anciens », n’est pas une gnose qui se transmet dans un cadre initiatique. Les éléments du monde imaginal, qui font partie de la conscience et de l’imaginaire humain, n’y jouent pas un rôle prépondérant. Leur présence ne dérange pas, mais ils ne font pas partie du travail à faire. Comme le Bouddha n’admet pas d’essence à l’âme, et ne se pose pas de questions sur ce qui advient au tathāgata après la mort, ni sur son origine, son éveil n’est pas non plus une illumination, c’est-à-dire une intelligence ou lumière reçue d’une autre entité ou d’ailleurs. Il n’a besoin que de sa propre lumière naturelle. « Soi-même est la lampe ».

***

[1] Faivre, p. 17

[2] Justin Barrett, chercheur en anthropologie à l’université d’Oxford, « attribue l’émergence de la pensée religieuse à un mécanisme cognitif mis en branle par notre cerveau, le «hypersensitive agency detection device» (HADD). Lorsque le cerveau s’avère incapable d’expliquer un phénomène de manière intuitive, il l’attribuerait à des agents intentionnels non naturels (esprits, dieux) qui lui fournissent une explication cohérente à des évènements inhabituels (maladie, catastrophe naturelle, survie inespérée, etc.). Le succès de la religion pourrait, selon lui, être dû au fait qu’elle donne un sens aux expériences HADD. » http://hridayartha.blogspot.com/2013/11/un-bouddhisme-theiste.html

[3] Ecrits gnostiques, La Pléiade, pp. XV-XVI.

[4] « Les questions "qui n'ont pas reçu de réponse" du Bouddha (Majjhima Nikaya 63 [2] & 72, ainsi que les 16 questions mal pensées Sabbasava Sutta (Majjhima Nikaya 2 Qui suis-je etc.)
1. Le soi et l'Univers sont-ils éternels?
2. Le soi et l'Univers sont-ils transitoires?
3. Le soi et l'Univers sont-ils à la fois éternels et transitoires?
4. Le soi et l'Univers ne sont-ils ni éternels ni transitoires?
5. Le soi et l'Univers ont-ils un commencement?
6. Le soi et l'Univers n'ont-ils aucun commencement?
7. Le soi et l'Univers ont-ils à la fois un commencement et aucun commencement?
8. Le soi et l'Univers n'ont-ils ni commencement ni absence de commencement?
9. Le Bienheureux est-il existant après la mort?
10. Le Bienheureux est-il non-existant après la mort?
11. Le Bienheureux est-il à la fois existant et non-existant après la mort?
12. Le Bienheureux est-il ni existant ni non-existant après la mort?
13. L'esprit est-il la même chose que le corps?
14. L'esprit et le corps sont-ils deux entités séparées?
Tout l'Univers dans un Atome, p.95 /SS Dalaï Lama-Robert Laffont

[5] Dans un Corps mystique, une Eglise, un maṇḍala…

[6] Antoine Faivre, Accès de l’ésotérisme occidental, p.18

[7] Ecrits gnostiques, La Pléiade, pp. XVI

[8] Antoine Faivre, p. 19

[9] Citation de Henry Corbin.

[10] Ecrits gnostiques, La Pléiade, pp. XX

[11] « Robert S. Cohen notes that the majority of English books on Buddhism use the term "enlightenment" to translate the term bodhi. The root budh, from which both bodhi and Buddha are derived, means "to wake up" or "to recover consciousness". Cohen notes that bodhi is not the result of an illumination, but of a path of realization, or coming to understanding. The term "enlightenment" is event-oriented, whereas the term "awakening" is process-oriented. The western use of the term "enlighten" has Christian roots, as in Calvin's "It is God alone who enlightens our minds to perceive his truths".

Early 19th century bodhi was translated as "intelligence". The term "enlighten" was first being used in 1835, in an English translation of a French article,[8] while the first recorded use of the term 'enlightenment' is credited (by the Oxford English Dictionary) to the Journal of the Asiatic Society of Bengal (February, 1836). In 1857 The Times used the term "the Enlightened" for the Buddha in a short article, which was reprinted the following year by Max Müller. Thereafter, the use of the term subsided, but reappeared with the publication of Max Müller's Chips from a german Workshop, which included a reprint from the Times-article. The book was translated in 1969 into German, using the term "der Erleuchtete". Max Müller was an essentialist, who believed in a natural religion, and saw religion as an inherent capacity of human beings. "Enlightenment" was a means to capture natural religious truths, as distinguished from mere mythology.

By the mid-1870s it had become commonplace to call the Buddha "enlightened", and by the end of the 1880s the terms "enlightened" and "enlightenment" dominated the English literature
» Source Wikipédia

L’article auquel la note [8] fait référence est un article de Charles Neumann. « Charles Friedrich Neumann, “Buddhism and Shamanism,” Asiatic Journal and Monthly Register 16 (1835): 124. The French article is, “Coup d’oeil historique sur les peuples et la littérature de l’Orient,” Nouveau Journal Asiatique 14 [1834]: 39–73, 81–114. The original reads: “Chakya ayant épuisé toute espèce de science reçut le nom de Bouddha, c’est-à-dire le sage ou l’illuminé. C’est d’aprés ce titre honorifique que ses sectateurs furent nommés bouddhas ou bouddhistes” »

[12] « Thus, in 1831, Charles Neumann equated Buddhism to "Lutheranism” in describing it as “a reform of the old Hindoo orthodox church”; it was “a new building on the same ground, and with the same materials.’”This claim was immediately disputed and before long would be rejected entirely by scholarly specialists (whose understanding of Buddhism was transformed once Brian Hodgson shipped a cache of Sanskrit texts from Kathmandu to Europe in 1837).93 Nonetheless, the idea that Buddhism was Protestant persisted in popular literature and seems to have become more prominent in the 1850s (possibly influenced by the rise of British anti-Catholic sentiment during the same period). By the time the Atlantic Monthly published an article describing Buddhism as "The Protestantism of Asia” (1868), the comparison was commonplace. The case of the Protestant Buddha indicates how the Victorian Luther (as icon for a generalized reformation) was used to map the boundaries between religions, confirming the distinction between a mere heterodoxy or schism and a "world religion” proper. It also suggests the extent to which, even after a given religious boundary became self-evident to scholars, popular literature could continue to unsettle it. The notion of reform, like the notion of heterodoxy, destabilizes the borderlines separating world religions. »

Spiritual Despots: Modern Hinduism and the Genealogies of Self-Rule, J. Barton Scott

[13] Saint Augustin, Confessions, traduit par Arnauld d’Andilly, folio classique, Livre IV, ch. 25, p. 140

[14] « Comme il était en route et approchait de Damas, une lumière venant du ciel l'enveloppa soudain de sa clarté. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? ». Il répondit : « Qui es-tu, Seigneur ? — Je suis Jésus, celui que tu persécutes. Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire ». Ses compagnons de route s'étaient arrêtés, muets de stupeur : ils entendaient la voix, mais ils ne voyaient personne. Saul se releva et, bien qu'il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. » Ac 9, 3-19

[15] Henry Corbin, Histoire de la philosophie islamique, p. 285

[16] ye shes grub pa zhes bya ba sgrub pa'i thabs. Traduit par le khenpo indien Śraddhakaravarma et zhu chen lotsawa Gelong Rinchen Zangpo

[17] rdo rje chen pos kun khyab cing*/
nam mkha' kun la rab tu zhugs/
sems can kun gyi yid khyab cing*/
bsod nams thams cad 'byung ba che/
phan tshun khyab mdzad rdo rje ni/
kun rig 'jig rten 'dren pa po/
de ni rdo rje 'dzin rgyal pos/
rgyud rnams kun tu gsungs pa yin/

[18] Ecrits gnostiques, La Pléiade, pp. 857,858

[19] P.e. les six yogas de Tailopa : mi mno mi bsam, mi pyad ching*/mi bsgom, mi sems rang babs bzhag :

[20] De la gzhi’i ‘od gsal ni/ ‘khor ‘das kyi bde sdug la longs spyod pa’i da ltar gyi rig pa gsal la ma ‘gags pa ‘di yin. The Life and Teaching of Nāropa, Guenther, p. 260. Le livre de Guenther est basé sur un texte composé par Lha’i bstun pa Rin chen rnam rgyal (1473 - 1557) du clan Brag dkar, un disciple de Tsang Nyeun Heruka. Il s’agit d’un texte du XVIème siècle.