vendredi 24 avril 2020

Sur la transmission aurale de Cakrasamvara


Chakrasamvara, Sahaja Heruka, avec empreintes de pied de Drigung Tangpa Chenpo (Himalayan Art n° 58301)

Quand on lit le compte-rendu de Gö lotsawa dans le Deb ther sngon po, on apprend que Marpa a fait un premier voyage au Népal, où il séjourne trois ans. Prajñāsiṃha (Shes rab seng ge), aussi connu comme lama Paindapa, l’introduit à Nāropa en Inde. Marpa retourne au Tibet pour chercher de l’or, en trouve par divers moyens[1], retourne au Népal, puis en Inde, sans y rencontrer Nāropa. Au bout d’une longue quête il voit Nāropa dans une forêt. Gö lotsawa ne mentionne pas de transmission aurale (tib. snyan brgyud) dans ce contexte. Marpa rentre au Tibet à l’âge de 42 ans. Il retourne une troisième fois en Inde pour rencontrer Maitrīpa. Après ce voyage, Gö lotsawa mentionne encore deux voyages au Népal, pendant lequel Marpa a une vision de Saraha à Śrī Parvata. Le premier disciple, dont Gö développe ensuite la biographie est rNgog chos kyi rdo rje (né en1036) de la lignée distante, à qui Marpa avait transmis l’intégralité des instructions de Nāropa, donc de la transmission aurale. Selon Gö, rNgog aurait fait une démonstration de transfert sur le corps d’un autre (tib. grong ‘jug) à quatre reprises. Marpa rencontra Milarepa quand ce dernier avait 29 ans. Gö mentionne les quatre piliers (tib. ka ba bzhi) de la lignée de Marpa : Milarepa, Mes tshon po, rNgog chos kyi rdo rje et ‘Tshur dbang nge. C’est à rNgog que Marpa avait transmis l’intégralité des traités et des instructions de Nāropa[2]. Milarepa avait en première instance frauduleusement reçu les instructions de rNgog, contre la volonté de Marpa. Marpa avait fini par donner l’intégralité des instructions à Milarepa[3].

Pour son compte-rendu de la transmisison aurale, Gö Lotsawa (mort en 1481) dispose déjà de divers écrits attribués à Ngamdzongpa, mais aussi de sources de la lignée distante . Dans son livre Building a Tradition, Cécile Ducher fait une distinction entre les matériaux hagiographiques des lignées distantes (tib. ring brgyud) et ceux des lignées proches (tib. nye ba’i rgyud) ou transmissions aurales (tib. snyan brgyud). Est-ce que les premières sont davantage dignes de confiance, c’est-à-dire davantage à l’abri d’éditions multiples, “mains invisibles” (Kragh), ajout de “témoignages”, d’apports de matériaux visionnaires, d’apocryphes et de pseudépigraphes ? Rien ne nous le garantit. Est-ce que quand des matériaux hagiographiques sont attribués à ceux que la tradition présente comme des témoins “directs” de maîtres kagyupa (Tailopa, Nāropa, Marpa, Milarepa etc.), ces matériaux sont plus fiables ? Est-ce qu’on peut même être certain que tous ces personnages aient réellement existé, ou qu’ils n’ont pas été étouffés par des légendes et des anecdotes ?

Il est peut-être impossible de faire le tri entre le vrai et le faux, là n’est d'ailleurs pas la question, mais il faut au moins que nous fassions un effort sur la chronologie des évolutions, et ne pas historiquement placer face à un Gampopa (avec son enseignement Kadampa & Mahāmudrā) les lignées proches avec leurs matériaux clairement plus tardifs. Tout dialogue entre Gampopa et les représentants des transmissions aurales ne peut qu’être unilatéral, où les derniers venus auront le dernier mot. Des critiques, des déclassements, des allusions dérogatoires, ... à trois ou quatre siècles d’écart… C’est cela qui est en jeu. Evidemment que l’évolution de la perception de Milarepa et l’évolution (l’enrichissement) des matériaux hagiographiques nous informent sur l’état des lieux des lignées etc., et qu’elle est intéressante de ce point de vue. Mais on ne peut pas faire l’économie d’un travail historique sérieux dans la mesure du possible, si on veut avoir une chance de savoir ce que l’on pensa à un certaine époque, sans être encombré par la pensée d’époques ultérieures.

Revenons à Gö lotsawa. Pour écrire sur les disciples de Milarepa, il semble se baser sur des écrits de Ngamdzongpa/Ngendzongpa, la mémoire indélébile des lignées Kagyupa concernant Marpa et Milarepa, et de Khyungtsangpa[4], le témoin privilégié de Réchungpa. En s’appuyant sur les divers matériaux qui leur sont attribués, Gö lotsawa mentionne “huit frères vêtus de cotton” (tib. ras pa mched brgyad, au lieu des douze grands répas), à savoir : 1. gNyan chung ras pa de Gung thang, 2. Ngam rdzong ras pa de lTsam lung, 3. ‘Bris sgom ras pa de rTa mo, 4. Se ban ras pa de ‘Od khri, 5. Khyi ra ras pa de sNi shang, 6. ras pa Zhi ba ‘od, 7. bDe ba skyong et 8. Ra rdzi ras pa. Selon Khyungtsangpa Ye shes bla ma, écrit Gö, Milarepa aurait eu les disciples suivants :
1. Ras chung pa, le chef des fils de Mila
2. Le grand Gampopa, émanation d’un bodhisattva, qui devait renaître encore une fois avant d’atteindre l’Eveil
3. Rong chung ras pa, 4. le yogi Zhi ba skyong, 5. ‘Bri sgom Yang legs, 6. Jo rdor, 7. Zhang nag, 8. Se ban ston chung, 9. Lu skam ras pa, 10. la bienfaitrice Legs se, 11. la yoginī lCam me, 12. sGron ne “et beaucoup d’autres qui avaient reçu le sens de l’Essence ultime [skt. dharmatā]”[5].
Pour les mentions spéciales, sans connaître les sources, Ras pa Zhi ba ‘Od, Sangs rgyas skyab (le berger) et Rong chung ras pa passèrent au Khecara (une sorte d’assomption) sans laisser de corps physique derrière eux. Les femmes disciples, la soeur de Milarepa, Peta, ainsi que la femme (sic !) de Milarepa (mDze se), Chos kyi Byang Chub et ‘Brin mtshams ma sPa tshab gza’ firent de même (Khecara). Comme mentionné ci-dessus, Gampopa devait renaître encore une fois, il avait moins de chance. Les sources hagiographiques racontent la même chose pour Advayavajra et ses disciples, qui n’avaient pas eu accès aux transmissions aurales. En ce qui concerne Milarepa, les sources hagiographiques n’en savent rien. Il ne laissa pas de reliques derrière lui (BA, p. 436), et quand on demanda à Ma gcig Zha ma si Milarepa avait atteint l’Eveil, elle avait répondu que vu la diligence de Milarepa, elle pensa que oui.

Gö dispose également d’un classement de meilleurs disciples en trois catégories (ḍākinī, humain, et asura), où Tashi Tseringma fut la meilleure disciple ḍākinī, Gampopa le meilleur disciple humain et bKra shis Tshe Ring, le meilleur disciple asura. La référence à Tsheringma pointe vers une source Ngamdzongpiste, Ngamzongpa étant la source de tout ce qui concerne le culte de Tseringma.

L’avantage des hagiographes de la lignée de Réchungpa et des autres transmissions aurales kagyu[6], c’est que tout ce qui était caché s’est montré (quidquid latet apparebit), avec foisonnement de détails. La source privilégié de tout ce qui concerne Réchungpa est Khyung tshang pa (gye chung pa dge bshes Khyung tshang pa), au cv parfait, y compris la faculté de pratiquer le transfert sur le corps d’un autre (tib. grong ‘jug), la pratique avec mudrā et la transformation de son sang biologique en lait (bodhicitta)[7].

Nous poursuivons la lecture des Annales bleus. La lignée descendant de Khyungtsangpa (ras chung snyan brgyud) compte des disciples comme Mar ston tshul khrimsbyung gnas[8]), expert en la pratique de Bardo (tib. bar do la rtsal ‘byongs pa, bar do snang ba, mngal du zhugs pa), et Zhang lotsawa[9] (disciple de Shangs pa Mar ston et de dGe sdings pa Jo sras A seng)[10], qui avait appris les “Six yogas” de Nāropa, et reçu des instructions de maîtres Nyingmapa (le terteun Myang ral nyi maod zer 1124-1204), entre autres "la doctrine secrète des termas". Zhang lotsawa semble avoir subi une influence Nyingmapa forte (composition de matériaux hagiographiques, travail de terteun, matériaux du bardo, ...), et la même chose vaut pour son disciple Se ston Jo Khro[11] (également disciple de gNyos sgom[12]). A sa mort, Zhang lotsawa serait allé “au paradis du Heruka”.[13] Les sources hagiographiques mentionnent “les doutes concernant les instructions venant de Khyungtsangpa” de Se ston, qui disparurent aussitôt quand il reçut la transmission aurale de Zhang lotsawa.[14]

Puis un rebondissement[15], à moins que Gö aborde subitement une autre lignée, mais nous sommes néanmoins dans la partie qui concerne les disciples de Réchungpa, et qui concerne plus précisément la lignée de Khyungtsangpa (1115-1176), disciple de Réchungpa. On retrouve notre Ngamzongpa (Ngam rdzong ston pa), le disciple et la source privilégiée de tout ce que nous savons de Marpa et de Milarepa. Nous apprenons ici que Ngamdzongpa aurait reçu l’intégralité des instructions de Milarepa et aurait composé la somme de tous les enseignements de Milarepa.[16] Rappel rapide des dates de Milarepa (1052-1135), Rechungpa (1083/4-1161), Khyungtsangpa (1115-env. 1176, selon Dan Martin).

Notre Ngamdzongpa est ainsi à l’origine de la Transmission Aurale de Ngamdzongpa (TAN) (tib. ngam rdzong snyan brgyud). A partir de lui, la transmission[17] passa par Gung thang ras pa > rGya pho ba lung pa etc. Puis une autre transmission à partir de Ngamdzongpa qui passa par gNyal pa gSun bcad pa[18]. Donc deux lignées.

Nous apprenons ici (BA, p. 450 DT p. 536) que toutes les instructions de Milarepa doivent être classées en deux catégories : 1. les instructions upāya-mārga associées aux Tantras, et 2. les instructions de la transmission aurale (tib. snyan brgyud) “qui transmettent la grâce[19]. Ngamdzongpa précise ici que Milarepa n’avait passé les instructions de la transmission aurale (2) à personne d’autre que lui, Ngamdzongpa, ainsi qu'à Réchungpa. Milarépa avait également transmis à Ngamdzongpa les “Huit doctrines de maître Nāropa” (tib. nA ro pa'i chos brgyad), ensemble avec leurs instructions spécifiques (selon Roerich tib. “Mar pa’i mgur chen brgyad[20]). Milarépa lui avait encore transmis les “instructions Sahaja[21], en précisant “tu dois la pratiquer avec un rituel secret. Ceux qui sont capables d’enseigner les tantras sont très rares. Aussi, tu dois la transmettre à une seule personne appropriée (tib. gcig brgyud), qui pourra perpétuer la lignée.”[22]

Ngamdzongpa serait mort à l’âge de 70 ans[23]. Il aurait vécu avec Milarepa les 17 dernières années de la vie du grand yogi. Ngamdzongpa aurait donc connu Milarepa en 1118 environ. En le rencontrant, Ngamdzongpa serait déjà un fier maître tantrique, un “ston pa”, donc il n’était pas tout jeune, disons dans la vingtaine au moins. S’il a vécu 70 ans, il aurait pu mourir entre 1160 et 1170, et naître entre 1050 et 1100, selon la logique interne des divers matériaux hagiographiques disponibles. Cela peut avoir de l’intérêt dans le cadre des transmissions.

Voici, selon Gö, la transmission (deuxième lignée) de la “Transmission Aurale de Ngamdzongpa” à partir de gNyal pa gSun bcad pa > dMar bu brag pa gZhon nu shes rab[24] > ‘Brom ston Rin chen Shes rab > dGyer sgom Ri ba Rin chen Tshul khrims[25] > gYangs skyong ba rGyal ba Do grub > gSer gling pa bKra shis dPal, Dharmasvāmin dKon mchog rDo rje, mKhas grub Ahūṃvajra > sPre’u zhing Rin po che Byang chub dpal[26] > Gö Lotsawa (mort en 1481)[27]. C’est sans doute en 1424, que Gö lotsawa avait reçu cette transmission, en même temps que les Six yogas de Nāropa[28].

Il existe une édition de la “Transmission Aurale de Ngamdzongpa”, qui est la reproduction d’un manuscrit de Yudra Rinpoche (Bir, H. P.: D. Tsondu Senghe, The Bir Tibetan Soc., 1985). “Ṅam rdzoṅ sñan brgyud kyi skor : a collection of texts connected with the Cakrasamvara practices orally transmitted through the masters in the lineage of the Ṅam rdzoṅ sñan brgyud.” En voici la table de matières.
Table de matières (avec mention des auteurs) :

1. Rgyud pa Yid bzhin nor bu las, Rje-btsun Ngam rdzong ras paʼi rnam thar / Rgod-tshang-ras-pa
2. Dpal Bde mchog Lhan skyes kyi rgya gzhung / Mi-skyod-rdo-rje[29]
3. Rje btsun Lhan cig skyes chaʼi sgrub thabs rgya gzhung / Nā-ro-pa
4. Dpal Bde-mchog lha lngaʼi dbang bskur
5. Bde-mchog lha lngaʼi mngon rtogs[30] / Rje-btsun Sha-ra Rab-ʼ byams-pas mdzad
Ngam-rdzong Snyan rgyud materials :
6. Dbang lag len gzhung --
7. Dpal ʼKhor-lo-bde-mchog Gsang-ba Rin-po-che Yid-bzhin-nor-buʼi mngon rtogs / Ku-ma-ra-prad-dzña
8. Rgyal-po Chos-nyid-mi-ʼ gyur-baʼi gdams pa --
9. Rigs gsum las byed kyi gdams pa / Mi-la --
10. Dmangs phal pa phrin las mthun sbyor gyi gdams pa / Mi-la --
11. Dam tshig Yid-bzhin-nor-bu / Mi-la --
12. Gdams paʼi gnas lugs / Mi-la --
13. Gnyis med rang byung gi gdams pa / Mi-la.
L’hagiographie de Ngamdzongpa dans cette collection a été écrite par Götsangpa (XV-XVIème siècle), un disciple de Tsangnyeun, spécialisé en hagiographies des cercles de Réchungpa. Un texte d’initiation de “Cakrasaṃvara Sahaja”, composé par Mi-skyod-rdo-rje (pas le Karmapa VIII). Un sādhana attribué à Nāropa. Des textes relatifs à l’initiation et la pratique du maṇḍala de Cakrasamvara à cinq divinités. Un texte par Kumāraprajñā (gzhon nu shes rab, probablement dMar bu brag pa gZhon nu shes rab), ainsi que cinq textes attribués à Milarepa, parmi lesquels les “Sept yogas de Nāropa”, qui incluent des ablutions[31] et des offrandes de torma.

Une source “plus complète” de la transmission aurale de Ngamdzongpa (TAN) est cependant le 'bri gung bka' brgyud chos mdzod chen mo/ (datant du XIX-XXème siècle, disponible sur TBRC). On y retrouve les textes mentionnés ci-dessus parmi de nombreux autres textes, notamment les hagiographies des grands maîtres de la TAN, y compris une hagiographie de Ngamdzongpa, de Gyawa Tamche Khyenpa (rGya ba thams cad mkhyen pa)[32] et de Lama Tsantrangwa (bla ma btsan 'phrang ba), un lama avec des liens Nyingmapa, spécialisé en le transfert de la conscience (tib. pho ba) et la magie noire. Gyawa Tamche Khyenpa était lié entre autres à Khenpo Sumtokpa (mkhan po sum thog pa). Il reçut l’intégralité de la TAN du yogi Gungthang Repa (gung thang ras pa), un disciple de Milarepa[33]. rGya ba et Tsantrangwa étaient affiliés à la lignée Drikhoung Kagyu.

Que pouvons nous réellement savoir des origines d’une révélation religieuse, qui brouille les pistes intentionnellement ? D’une transmission aurale reçue par une jñānaḍākinī à Oḍḍiyāna, qui l’aurait passé au mahāsiddha Tailopa, un être mi humain mi-divin, qui l’aurait passe à Nāropa, un être humain qui a probablement réellement vécu, mais que nous connaissons que par les hagiographies et par les oeuvres qui lui sont attribuées. Il y a les oeuvres du maître de Nalaṇḍa, et celles du grand patriarche de la “transmission aurale” “porteuse de grâce” (tib. byin rlabs dang 'bul ba), transmise en secret, et parfois limitée à une seule transmission par génération spirituelle (tib. gcig rgyud). Dans le cadre de la transmission aurale, même les biographies des maîtres sont secrètes. Celle de Marpa, c’est Milarepa qui la raconte uniquement à Réchungpa et à Ngamdzongpa. Celle de Milarepa, c’est Milarepa qui la raconte uniquement à Ngamdzongpa et Réchungpa, et à personne d’autre. Les trois filières des transmissions aurales sont regroupées par Tsangnyeun et ses disciples, qui les transforment en “Transmission aurale de Cakrasaṃvara”, et qui raconteront leurs propres versions des vies des grands maîtres, en s’appuyant sur des versions précédentes, attribuées à des témoins “directs” ou privilégiés, qui ne semblent exister que dans le cadre de la transmission aurale. La seule source dont nous disposons étant des hagiographies, habilement conçues, qui pratiquent un name dropping extensif de pratiques, personnages et lieux emblématiques, tout en donnant des justifications pour des gestes qui peuvent sembler anodins aux non-instruits, mais qui sont là pour de bonnes rasons "linéologiques". Dans ce grand flou organisé de main de maître, seules restent les pratiques de la transmission orale, et la lignée qui en est détentrice. Nous sommes priés de jeter un coup doeil rapide sur ses origines et ses preuves dauthenticité, en les oubliant aussitôt, pour qu'elles nous inspirent confiance, et nous incitent à leur pratique.
Hé, grand être !
La raison du principe historique
Est de commencer par inspirer confiance en la source
La transmission du principe historique explique
La transmission de la grâce naturelle
La transmission de l’autorévélation de l’essence
La transmission des descriptions du sens
.”[34]
Contrairement aux pratiques bouddhistes "Ehi passiko" ("Viens et vois par toi-même"), où chacun est invité à vérifier l'efficacité par soi-même et de son vivant, ces pratiques d'un bouddhisme enchanteur requièrent la confiance en des pratiques qui porteront peut-être leurs fruits après la mort, la vie suivante, ou dans le bardo. Et sans la démonstration du transfert de la conscience sur un cadavre, c'est tout de suite moins évident ! 

***

BA = Blue Annals de Roerich, DT = Deb Ther Ngson po, édition chinoise en deux volumes, sri khron mi rigs dpe skrun khang, 1984

[1] Le nom de Mar pa mgo yags (=? mgo legs) tombe dans ce passage, où une mine d’or est découverte. Sur la prospection d'or au Tibet (par des Newars), voir le blog Tout est bon dans la libération.

[2] BA, p. 404

[3] BA, p. 431, c’est Gö Lotsawa qui écrit cela.

[4] BA, p. 435

[5] BA, p. 435

[6] bde mchog snyan brgyud nor bu skor gsum : Gampopa (dwags po snyan brgyud), Ngamdzong (ngam rdzong snyan brgyud), Rechungpa (ras chung snyan brgyud). Ces trois lignées furent regroupés par Tsangnyeun Heruka et ses disciples.

[7] Ba, p. 443

[8] Ba, p. 44, DT p. 531
Treasury of Lives n’a pas de hagiographie le concernant, mais publie quand-même cette notre intéressante, qui nous permet de dater notre personnage (XV-XVIème siècle).
“... Some highly distinguished and popular among his masters were Gendun Gyatso (dge 'dun rgya tsho, 1475-1542), who was posthumously given the title of second Dalai Lama; Marton Tsultrim Rinchen (mar ston tshul khrims rin chen, d.u.), and Paṇchen Ngotsar Gyatso (pAn chen ngo mtshar rgya mtsho, d.u.) …”

[9] Note dans l’article sur Machik Ongjo dans Treasury of Lives. Article par Alexander Gardner.
“According to the Blue Annals, Zhang Lotsāwa Drubpa Pel (zhang lo tsA ba grub pa dpal, d. 1237), also an important lineage master in the Rechung Nyengyu, requested the initiation rites and precepts for the Rechung Nyengyu from her. She refused refused twice before finally agreeing. According to a religious history by the Fourth Drukchen, Pema Karpo (brug chen 04 padma dkar po, 1527-1592), Zhang Lotsāwa received the transmission from her only after he took complete ordination. Pema Karpo also identified her as Khyuntsang Repa's consort.”

[10] BA, p. 444, DT p. 530

[11] BA p. 448 DT p. 534

[12] BA, 446; 448-9; 761

[13] BA, p. 445-448

[14] BA, p. 449. La partie sur Zhang lotsawa se trouvant BA p. 445, DT p. 531

[15] BA p 449, DT 535

[16] BA, p. 449

[17] Gö parle ici de la “Transmission aurale de Cakrasaṃvara” (TAC), qui n’avait été systématisé par Tsangnyeun au XVIème siècle, et non de la “Transmission aurale de Ngamdzong” (TAN).

[18] yang ngam rdzong pa’i slob ma gnyal pa gsung bcad pa ni. DT p. 535.

[19] byin rlabs dang ‘bul ba snyan brgyud. DT p. 536 Karmapa VIII expliquera que la mahāmudrā de Gamopopa fut incomplète et qu’il lui manquerait la “grâce”
“Ce n'est pas le siddhi authentique de la Mahāmudrā de la lignée Kagyupa, transmis du Dharmakāya Vajradhara jusqu'au grand Nāropa, qui est présent dans les intuitions analogique et réelle (dpe don gyi ye shes) authentiques[14], qui ne sont pas manifestes (ngon sum) avant les trois initiations supérieures des quatre initiations (mchog dbang gong ma gsum) mais ce sont le Parāmitāyāna causal[15] de nos jours et la tradition des instructions communes de Samātha-Vipassana qui viennent d’Atisha et font partie du chemin graduel de l’éveil, enseignés par Gampopa et Pamodroupa (1110-1170) pour répondre à la demande des étudiants de l’époque dégénérée, friands des enseignements les plus élevés, et qui l'ont appelés pour cette raison la mahāmudrā intégrée naturellement (phyag-chen skyes-sbyor). Dans la pratique de la plupart des étudiants de Gampopa, les instructions de la Mahāmudrā furent données avant l'initiation, ce qui est appelé la Tradition commune du Sūtrayāna et du Mantrayāna." Blog Déclassement de la mahamudra de Maitrīpa et Réchungpa et la réhabilitation des dieux et démons

[20] Dans le 'bri gung bka' brgyud chos mdzod chen mo, on trouve une série de 25 chants attribués à Marpa : rje mar pa'i bka' 'bum/ (ka) : mar pa'i mgur chen nyer lnga

[21] A ne pas confondre avec les instructions de Saraha/Advayavajra. Ici il s’agit de pratiques dans la cadre du cycle de la divinité Cakrasaṃvara Sahaja.

[22] BA, p. 450. Voici le passage complet :
ngam rdzong pa'i zhal nas/ rje mi la'i gdams ngag thams cad rgyud dang 'brel ba thabs lam gyi gdams ngag dang / byin rlabs dang 'bul ba snyan brgyud kyi gdams ngag gnyis su 'dus/ de la snyan brgyud kyi gdams ngag 'di gzhan la byin pa med/ rje btsun ras chung pa la byin pa skad zer gyi 'dug kho bo la rje nA ro pa'i chos brgyad tshang bar gnang ba yin gsung nas/ khyad par gyi chos brgyad gdams ngag dang bcas pa tshang bar gnang / lhan cig skyes pa'i rtogs pa la ngo sprad nas/ khyod kyis gsang spyod kyi tshul du nyams su long zhig gsang sngags kyi snod du rung ba shin tu dkon par 'dug pas/ brgyud pa zin pa'i snod ldan gcig gi rgyud smin par gyis la gdams ngag tshang bar byin gsung /

[23] Lho rong chos ’byung.

[24] gZhon nu shes rab étant Kumāraprajñā en sanskrit, et un des textes de la TAN (Dpal ʼKhor-lo-bde-mchog Gsang-ba Rin-po-che Yid-bzhin-nor-buʼi mngon rtogs) étant signé par Ku-ma-ra-prad-dzña, il pourrait être attribué à ce personnage.

[25] Ecstatic Spontaneity: Saraha's Three Cycles of Dohā, Herbert V. Guenther, p. 14
After Par-phu-ba the tradition of the Doha continued through his direct disciple dGyer-sgom of sNye-phu shugs-gseb, a monastery dGyer-sgom had founded and resided at for some twenty-six years. dGyer-sgom’s disciple was Sangs-rgyas dbon, alias Rin-chen snying-po, who served as abbot of sNye-phu shugs-gseb for many years. He was succeeded by his disciple Brag-’bur-ba, the latter by Ri-la gzhon-rin, better known as Shugs-gseb ri-rab because of his time as abbot at the Shugs-gseb monastery. Thereafter the tradition passed through Bla-ma dKon-mchog rdo-rje, Chos-sgo-ba dPal shes-rab, rDza-khol-ba Jo-stan, Bla-ma sMon-lam-pa, sTag-lung Chos-rje Ngag-gi dbang-po, rje Sha-ra rab-’byams-pa bSod-nams seng-ge, and ’Khrul-zhig Sangs-rgyas bsam-grub, who was the teacher of Karma ’Phrin-las [1456-1539].” Les trilogistes et les Ngamdzongpistes se rejoignent en dGyer sgom et en Dharmasvāmin dKon mchog rDo rje.

[26] Aussi connu comme rNgog Byang chub dpal.

[27] BA, p. 450

[28] A Direct Path to the Buddha Within, Klaus-Dieter Mathes, p. 140
“In the same wood dragon year Zhonu Pal obtained from Ngog Jangchub Pal, in Dreuzhing, numerous important Kagyu teachings, such as special instructions on the Nâro chos drug ox the Oral Transmission of Cakra-samvara (bde mchog snyan rgyud).”

[29] “The Extraordinary Dharma-story of Master Mar-pa.169 The second hitherto unknown text was composed by Mi-bskyod-rdo-rje, a disciple of Rngog Byang-chub-dpal, after his master’s death (1446), and will be studied separately below.” Building a Tradition, Cécile Ducher

[30] Un texte du même titre existe de la main du maître Shangpa Kagyu rGyal mthsan ‘Bum.

[31] Difficile à repérer dans le texte mentionné. Il y a bien des offrandes d’eau (tib. yon chab) au maṇḍala, mais pas vraiment de référence directe à des ablutions. “stong gsum ‘di ‘am gzhan dag na// yon chab ji snyed yod pa kun// bla ma dkyil ‘khor lha la ‘bul// ‘gro ba’i don du bzhes su gsol//. Sous le titre le quadruple don dans le cadre de la consécration d’autorisation (tib. rjes gnang).

[32] Qui serait mort à l’âge de 88 ans en 1249 ou 1261 selon Evan Yerburgh. Gyawa Tamche Khyenpa serait donc né en 1161 ou en 1173. Milarepa est décédé en 1135. Nous ne connaissons pas les dates de Gungthangpa. On le voit apparaître dans la transmission des trois cycles de Tseringma, qu’il reçoit de Ngamdzongpa. Source : The Catalog of The Treasury of Precious Instructions by Jamgon Kongtrul Lodro Taye, Tsadra_Foundation, Richard Barron.

[33] Selon Ngamdzongpa, seuls Ngamdzongpa et Réchungpa auraient reçu l’intégralité de la transmission aurale de Milarepa. Gungthang Repa (gung thang ras pa)” (mentionné dans Roerich, 449) l’aurait reçu de Ngamdzongpa (première lignée).

[34] kye sems dpa' chen po
lo rgyus don gyi dgos pa bstan pa ni
dang por yid ches pa yi khungs bstan phyir
lo rgyus don gyi bshad lugs bstan pa ni
rang bzhin byin gyis brlabs kyi bshad lugs dang
rang gi ngo bo bstan pa'i bshad lugs dang
don gyi sgra tshigs bsdebs pa'i bshad lugs so
Chapitre 13 du Discours du roi pancréateur (kun byed rgyal po)

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