Ci-dessous un passage profond et très bel extrait du Tantra de l'amas de joyaux (rin po che spungs pa). C’est un des 17 textes appartenant à la Section des Transmissions tantriques (man ngag sde). L’extrait vient du chapitre 1. Il parle de la « basse continue » de la Pensée éveillée (T. dgongs pa), la méditation naturelle continue, toujours là, mais jamais reconnue. Certains passages rappellent l’Hymne à l’élément spirituel attribué à Nāgārjuna. Le passage suivant montre comment ce courant continu est toujours présent dans toutes les catégories (tattva), même s’il n’est pas perceptible ou reconnu. L’idée de la méditation continue est aussi utilisée par Maitrīpa.
Le regroupement en versets, qui est le mien, est provisoire, tout comme cette traduction d'ailleurs. C'est une première tentative.
« A l’écart du temporel et de l'atemporel[1]
Il y a un courant éternel sans divisions spatio-temporelles
Qui fait que le commencement, le milieu et la fin,
Toute mesure de temps, est depuis toujours déjà parachevée.
A l’écart des mots (śabda) [désignant] l'égalité universelle
Les apparences, sans se disperser [du fond],
Restent indivises même différenciées
Et sont par nature la perfection universelle.
Tous les sens (artha) convergent dans l'intellect
Même les concepts de l'invisible et de l'absence d'objet
Ne sont pas arrêtés, étant déjà d'eux-mêmes retranchés
La racine de la non-reconnaissance (avidyā) qui ne perçoit pas l'erreur[2]
Étant déjà retranchée dès avant l’imagination (S. kalpita)
Comment quelqu'un pourrait-il en faire l'expérience ?
Tous les éléments grossiers (bhūta) également
Sont déjà dispersés
N'ayant pas de lieu où aller, ils s’évanouissent d'eux-mêmes
Aussi le corps physique n'a-t-il jamais eu d'existence propre.
En l’absence d'un avant et après, c'est l'instant présent qui est connu directement
Tout instant présent est à la fois atemporel et temporel
Par un, deux, six et trois/ ou trois fois six[3]
Il y a [respectivement] l'invisible, le visible et le mi-visible[4]
« A l’écart du temporel et de l'atemporel[1]
Il y a un courant éternel sans divisions spatio-temporelles
Qui fait que le commencement, le milieu et la fin,
Toute mesure de temps, est depuis toujours déjà parachevée.
A l’écart des mots (śabda) [désignant] l'égalité universelle
Les apparences, sans se disperser [du fond],
Restent indivises même différenciées
Et sont par nature la perfection universelle.
Tous les sens (artha) convergent dans l'intellect
Même les concepts de l'invisible et de l'absence d'objet
Ne sont pas arrêtés, étant déjà d'eux-mêmes retranchés
La racine de la non-reconnaissance (avidyā) qui ne perçoit pas l'erreur[2]
Étant déjà retranchée dès avant l’imagination (S. kalpita)
Comment quelqu'un pourrait-il en faire l'expérience ?
Tous les éléments grossiers (bhūta) également
Sont déjà dispersés
N'ayant pas de lieu où aller, ils s’évanouissent d'eux-mêmes
Aussi le corps physique n'a-t-il jamais eu d'existence propre.
En l’absence d'un avant et après, c'est l'instant présent qui est connu directement
Tout instant présent est à la fois atemporel et temporel
Par un, deux, six et trois/ ou trois fois six[3]
Il y a [respectivement] l'invisible, le visible et le mi-visible[4]
Même au niveau du son naturel (S. svaśabda) qui le fait disparaître[5]
En appréhendant des niveaux spirituels (bhūmi), tout en étant,
Personne ne remarque ce qui a toujours été là[6]
En le parcourant, le chemin qui n'a jamais existé
A toujours été proche.
Ce qui était déjà présent en soi
N'avait jamais été vu auparavant, l'autoconnaissance étant dégradée (S. rajas)[7]
La Pensée éveillée (T. dgongs pa) de la méditation non localisée (apratiṣṭhāna)[8]
N'a pas besoin d'être cultivée, elle est déjà présente
Elle aussi n'a pas été reconnue auparavant.
En appréhendant des niveaux spirituels (bhūmi), tout en étant,
En le parcourant, le chemin qui n'a jamais existé
A toujours été proche.
Ce qui était déjà présent en soi
N'avait jamais été vu auparavant, l'autoconnaissance étant dégradée (S. rajas)[7]
La Pensée éveillée (T. dgongs pa) de la méditation non localisée (apratiṣṭhāna)[8]
N'a pas besoin d'être cultivée, elle est déjà présente
Elle aussi n'a pas été reconnue auparavant.
Le soi et les objets réifiés qui sont saisis
Sont le fond des choses (dharmatā) dès leur premier instant
Toutes ces choses sont les reflets naturels de l'autoconnaissance
Toujours visible, mais jamais reconnue auparavant.
En l'approchant comme un soi, [l’autoconnaissance] est astreinte par cinq afflictions (kleśa)
Qui dès l’origine se présentent d'elles-mêmes au Discernement (T. rig pa)
Comme ses associées naturelles (sahajaṣṭhāna) mais sans être reconnues (T. zhal ma 'tsho)
Les quatre éléments terre, eau, feu et air
Constituent dès l’origine le corps physique
Mais personne ne les perçoit, les yeux étant comme dégradés (rajas)
La sève de la transmission (S. āmnāya) de la Réunion des mystères (guhyasamāja)
Se transmet d'elle-même (T. rang grags) sans interruption (S. nāsti-antarikā)
Celui qui ne l'entend pas à l'instant même
N'aurait-t-il pas d'ouïe ?[9]
L'Élément en son lieu propre (svaṣṭhāna-dhātu) et l'odeur perçu
Ne sont jamais séparés, et font partie de son entourage naturel (T. rang 'khor)[10]
Ceux qui ne l'ont pas remarqué, auraient-ils les narines bouchées ?
Les transmissions des trois types de saveurs (rasa) sont regroupées en une seule
Qui depuis toujours est la saveur du corps-esprit
Ceux qui ne l'ont jamais goûtée, auraient-ils bien une langue ?
La réflexion [du corps] a sa propre lumière, les couleurs étant leurs parures,[11]
Elle n’est jamais séparée du corps physique (sva-deha)
Tel le corps et son ombre
[Continuellement] sans notion de nuit et de jour
Et pourtant, personne ne l'a pourtant sentie, leur corps serait-il degradé ?[12]
La qualité (dharma) de la liberté (sukha) qui est diffuse dans la souffrance
Se situe (svaṣṭhāna) par nature dans l'ineffable (vinābhilāpena)
Et pourtant personne ne la perçoit, leur Discernement étant dégradé
Les traces (S. vāsanā) de l'existence cyclique (S. saṁsāra) entassées les unes sur les autres
Sont cependant depuis l'origine présentes comme le corps spirituel (S. dharmakāya)
Ceux qui ne le voient pas méritent la compassion
Quand les [six] facultés [psychosensorielles] sont conçues comme un soi, des objets émergent[13]
Les remémorations, les pensées, les modifications (T. 'gyu ba S. vṛtti)
Émergent dès l'origine comme le corps de délectation (sambhogakāya)
En ne m'en souvenant pas, je (T. ngas) l'oublie
Et je m'agite, je suis des observances (S. caryā), je cherche et je pratique
Tout cet empressement (ucca-śabda) dont l'individu est le centre
Constitue [cependant] dès l'origine le corps fonctionnel (nirmāṇakāya)
Et pourtant personne ne le perçoit, l'intelligence étant dégradée
Toute l'agitation mentale de pensées et de remémorations
Est comme le courant d'un fleuve qui ne s'interrompt jamais
Et qui dérobe mon mental continuellement
L'état naturel se cultive cependant sans effort
Mais il n'est pas assimilé, la conscience étant toujours dispersée
Tout ce qui paraît tangible comme le monde inanimé et animé
Est imaginé et n'a pas de nature propre
La Vue qui interrompt le « courant des villages » (T. grong khyer)[14]
Existe depuis toujours, mais on ne la voit pas
Aurait-on les portes des facultés [psychosensorielles] fermées ? »
[1] litt. les trois temps et le sans temps
[2] 'khrul ma myong bas ma rig rtsad
[3] Énigmatique. Le un correspond, au premier instant où les apparences sont authentiques (dag pa). Le deux correspond au deuxième temps de la représentation avec un sujet et un objet. Le dernier, si c’est six fois trois = 18, peut-être les 18 dhatu/tattvas ? D’autres éléments en vrac : dga ba = nandana (= année cho 'brug) yar ngo = lune croissante, l'année nandana premier, le premier jour du mois, deuxième, le sixième jour troisième, onze jours, phase descendante. Yar ngo'i dga' ba dang po tshes gcig gnyis pa tshes drug gsum pa tshes bcu gcig mar ngo'i dga' ba dang po tshes bcu drug gnyis pa tshes nyi shu gcig gsum pa tshes nyi shu dru. Le premier et deuxième instant de la première joie de la phase ascendante, la première joie de la phase descendante. « Of these various enumerations, Khenpo Tsewang Gyatso (May 10, 1995) says: "gcig: 'khor ba ma dag pa'i chos thams cad kho rang sems gcig; kho rang sems gcig snang bar ma gtogs yog ma red ba? rdzogs chen gyi gnas skabs su ga re zer na, rig pa byang chub gyi sems gcig. gnyis: sems kyi snang ba 'di ma dag pa'i Vwr ba; ye shes kyi snang ba 'di my a ngan las 'das pa, dag pa. sems kyi snang ba ma dag pa red, ye shes kyi snang ba 'di, kho rang dag pa red. de ni de las 'gro ba rigs drug dang khams gsum. »
[4] « Khenpo Tsewang Gyatso (May 10, 1995) identifies the "non-manifest" (snang med) as the formless realm (gzugs med khams), the "manifest" (snang ba) as the desire realm ('dod pa'i * khams), and the "semi-manifest" (phyed snang) as the form realm (gzugs khams) which he attributes to Longchenpa in the yid bzhin mdzod. «
[5] « La plénitude universelle (S. mahāsukha), spontanée et inconditionnée,
Est le corps de délectation, Mahāvajradhara,
Qui [Fait resonner] le son originel (S. svaśabda) jamais engendré. »
Voir : tasmindrste mahayoge yatayato na vidyate | svasabdena bhavetpranah svadhisthanam tadasrayah || 11|| L'énergie vitale, prana (2), fait résonner dans le Svadhisthana chakra le son originel qui jamais ne fut engendré, sva-shabda - Upanishad-Joyau de la Couronne du Yoga - YOGA CHUDAMANI UPANISHAD
[6] On ne perçoit que les différences, les changements ? L'élément terre étant là depuis l'origine, il ne peut pas être perçu comme une apparence nouvelle ? On semble jouer à la fois avec le sens de terre, élément, et terre, niveau spirituel (bhûmi).
[7] "rtul" correspond à "rajas". Les trois guṇa correspondent à des dégradations de l'état naturel. Pour ce qui est du rajas, il s'agit d'une dégradation de la prise de conscience (vimarśa).
[8] La méditation naturelle et continue, relié ici à la théorie (sarvadharma)-apratiṣṭhāna (sarvadharmāpratiṣṭhāna)
[9] Le son authentique est recouvert par les sons audibles. Voir aussi l'Hymne à l'élément spiritituel
39.
Par la rencontre des sons et des oreilles
[Est produite] une perception [sensorielle] (T. shes pa) telle quelle (S. yathā-bhūtam ≠ T. rnam par dag pa).
Ces trois[23] constituent l'Élément spirituel (S. dharmadhātu) sans caractéristiques (S. lakṣana)
Mais quand la construction mentale (S. kalpana) s'y ajoute, elle devient une audition [dualiste].
[10]Les 'khor, cercles ou entourages, qui sont comme des tattvas. Les cercles du roi pancréateur. Voir aussi dans l'Hymne au dharmadhātu, le passage sur les cinq sens
[11] snang ba rang 'od kha dog rgyan
[12] Sans doute une idée ancienne. Les réflexions de notre corps que l'on perçoit dans un miroir ou dans l'eau sont jamais séparés comme une ombre. Pourtant on ne sent pas leur présence sur notr corps.
[13] C'est le stade après les apparences, quand elles sont représentées et saisies par le biais d'un sujet et d'un objet
[14] Peut-être skandha. Voir phung po'i grong la rnam shes 'jug pa. « Grong » signifie village (grāma), un groupement de maisons. Dans cette expression, les cinq constituants psychophysiques (skandha) sont comparés à un village, dans lequel entre « le principe vital ». Mais de quelle nature est ce principe vital ?
Texte tibétain (Wylie)
dus gsum dus med khyad par las//
bar dang mtshams med rtag rgyun gyis//
thog ma bar dang mtha' med par//
dus tshod grangs rnams ye zad par//
mnyam pa chen po'i sgra las ni//
yengs pa med pa'i snang ba yang//
rnam rtog rang la cha med par//
rang bzhin rdzogs pa chen po yi//
don kun blo yi dkyil du tshud//
mi snang yul kun rtog pa yang//
ma bcad rang sa nyid du chod//
'khrul ma myong bas ma rig rtsad//
ma brtags ye nas chod nas 'dug//
gang du 'di kun sus ma tshor//
rags pa'i 'byung ba bzhi kun yang//
thog ma nyid nas rang dengs par//
'gro ba'i gnas med rang sangs pas//
rang lus ye nas med par ni//
snga phyi med par 'dir yang rig//
'di kun dus med ye dus pas//
gcig dang gnyis dang drug gsum gyis//
snang med snang dang snang phyed snang//
mi snang mdzad pa'i sgra rang sangs//
sa 'dzin sa la gnas par ni//
[79]ye nas 'dug pa sus ma tshor//
bgrod du ye nas med pa yi//
lam 'di ye nas rang nye bar//
'di ni rang la ye 'dug pas//
sngar ma mthong ste rang rig rtul//
mi gnas bsam 'das dgongs pa ni//
bsgom pa med par ye 'dug pas//
'di yang ang gis sngar ma rig//
chags dang 'dzin pa'i zhen yul ni//
dang po nyid nas chos nyid las//
'di kun rang gi rang snang bar//
ye nas snang ba sngar ma rig//
bdag rtog bcings pa nyon mongs lnga//
ye nas rig pa rang shar bas//
lhan cig gnas pa zhal ma 'tsho//
sa chu me rlung 'byung ba bzhi//
ye nas rang gi lus yin par//
sus ma mthong ba'i mig de brtul//
yang gsang bsdus pa'i man ngag bcud//
bar mtshams med par rang rags pa//
gang gis 'di nyid ma thos par//
rna ba'i dbang po med dam ci//
rang gnas dbyings dang rig pa'i dri//
bral ba'i skabs med rang 'khor ba//
tshor ma myong ba sna 'gags sam//
bcud gsum man ngag gig dril lo//
ye nas lus sems bcud yin pas//
'di nyid ma myong lce chad dam//
[80]snang ba rang 'od kha dog rgyan//
rang gi lus dang 'bral med par//
lus dang grib ma bzhin du ni//
nyin dang mtshan mo med 'dug pa//
sus kyang ma rig lus bem ma ma//
sdug bsngal phyag 'ded bde ba'i chos//
brjod pa med par rang gnas pa//
sus ma shes pa blo ri brtul//
'khor ba'i bag chags yang brtsegs pa//
ye nas chos kyi skur 'dug pas//
gang gis ma mthong snying rje'i gnas//
dbang po bdag rtog yul shar nas//
dran bsam 'gyu ba sna tshogs rnams//
ye nas longs skur rang shar bas//
'di kun ma dran brjed ri ngas//
bya byed tha dad rtsol bsgrub dang//
skye bo 'dus pa'i ca co kun//
ye nas sprul pa'i sku yin pas//
sus ma shes pa ngo re brtul//
ci ltar bsam dang dran 'gyus pa//
chu yi rgyun bzhin bar med par//
rtag tu rang gi yid 'phrog par//
rtsol med rang bzhag bsgom par ni//
nyams su ma tshud sems re yengs//
snod bcud yod thos snang ba 'di//
brtags pas rang bzhin med pa yang//
grong khyer rgyun gcod lta ba ni//
ye nas 'dug pa ma mthong bar//
[81]dbang po rnams kyi sgo 'gags sam//
Toutes ces choses sont les reflets naturels de l'autoconnaissance
Toujours visible, mais jamais reconnue auparavant.
En l'approchant comme un soi, [l’autoconnaissance] est astreinte par cinq afflictions (kleśa)
Qui dès l’origine se présentent d'elles-mêmes au Discernement (T. rig pa)
Comme ses associées naturelles (sahajaṣṭhāna) mais sans être reconnues (T. zhal ma 'tsho)
Les quatre éléments terre, eau, feu et air
Constituent dès l’origine le corps physique
Mais personne ne les perçoit, les yeux étant comme dégradés (rajas)
La sève de la transmission (S. āmnāya) de la Réunion des mystères (guhyasamāja)
Se transmet d'elle-même (T. rang grags) sans interruption (S. nāsti-antarikā)
Celui qui ne l'entend pas à l'instant même
N'aurait-t-il pas d'ouïe ?[9]
L'Élément en son lieu propre (svaṣṭhāna-dhātu) et l'odeur perçu
Ne sont jamais séparés, et font partie de son entourage naturel (T. rang 'khor)[10]
Ceux qui ne l'ont pas remarqué, auraient-ils les narines bouchées ?
Les transmissions des trois types de saveurs (rasa) sont regroupées en une seule
Qui depuis toujours est la saveur du corps-esprit
Ceux qui ne l'ont jamais goûtée, auraient-ils bien une langue ?
La réflexion [du corps] a sa propre lumière, les couleurs étant leurs parures,[11]
Elle n’est jamais séparée du corps physique (sva-deha)
Tel le corps et son ombre
[Continuellement] sans notion de nuit et de jour
Et pourtant, personne ne l'a pourtant sentie, leur corps serait-il degradé ?[12]
La qualité (dharma) de la liberté (sukha) qui est diffuse dans la souffrance
Se situe (svaṣṭhāna) par nature dans l'ineffable (vinābhilāpena)
Et pourtant personne ne la perçoit, leur Discernement étant dégradé
Les traces (S. vāsanā) de l'existence cyclique (S. saṁsāra) entassées les unes sur les autres
Sont cependant depuis l'origine présentes comme le corps spirituel (S. dharmakāya)
Ceux qui ne le voient pas méritent la compassion
Quand les [six] facultés [psychosensorielles] sont conçues comme un soi, des objets émergent[13]
Les remémorations, les pensées, les modifications (T. 'gyu ba S. vṛtti)
Émergent dès l'origine comme le corps de délectation (sambhogakāya)
En ne m'en souvenant pas, je (T. ngas) l'oublie
Et je m'agite, je suis des observances (S. caryā), je cherche et je pratique
Tout cet empressement (ucca-śabda) dont l'individu est le centre
Constitue [cependant] dès l'origine le corps fonctionnel (nirmāṇakāya)
Et pourtant personne ne le perçoit, l'intelligence étant dégradée
Toute l'agitation mentale de pensées et de remémorations
Est comme le courant d'un fleuve qui ne s'interrompt jamais
Et qui dérobe mon mental continuellement
L'état naturel se cultive cependant sans effort
Mais il n'est pas assimilé, la conscience étant toujours dispersée
Tout ce qui paraît tangible comme le monde inanimé et animé
Est imaginé et n'a pas de nature propre
La Vue qui interrompt le « courant des villages » (T. grong khyer)[14]
Existe depuis toujours, mais on ne la voit pas
Aurait-on les portes des facultés [psychosensorielles] fermées ? »
***
Illustration de L'étrange histoire de Peter Schlemihl ou l’homme qui a vendu son ombre, d'Adelbert von Chamisso, né Louis Charles Adélaïde de Chamissot de Boncourt.[1] litt. les trois temps et le sans temps
[2] 'khrul ma myong bas ma rig rtsad
[3] Énigmatique. Le un correspond, au premier instant où les apparences sont authentiques (dag pa). Le deux correspond au deuxième temps de la représentation avec un sujet et un objet. Le dernier, si c’est six fois trois = 18, peut-être les 18 dhatu/tattvas ? D’autres éléments en vrac : dga ba = nandana (= année cho 'brug) yar ngo = lune croissante, l'année nandana premier, le premier jour du mois, deuxième, le sixième jour troisième, onze jours, phase descendante. Yar ngo'i dga' ba dang po tshes gcig gnyis pa tshes drug gsum pa tshes bcu gcig mar ngo'i dga' ba dang po tshes bcu drug gnyis pa tshes nyi shu gcig gsum pa tshes nyi shu dru. Le premier et deuxième instant de la première joie de la phase ascendante, la première joie de la phase descendante. « Of these various enumerations, Khenpo Tsewang Gyatso (May 10, 1995) says: "gcig: 'khor ba ma dag pa'i chos thams cad kho rang sems gcig; kho rang sems gcig snang bar ma gtogs yog ma red ba? rdzogs chen gyi gnas skabs su ga re zer na, rig pa byang chub gyi sems gcig. gnyis: sems kyi snang ba 'di ma dag pa'i Vwr ba; ye shes kyi snang ba 'di my a ngan las 'das pa, dag pa. sems kyi snang ba ma dag pa red, ye shes kyi snang ba 'di, kho rang dag pa red. de ni de las 'gro ba rigs drug dang khams gsum. »
[4] « Khenpo Tsewang Gyatso (May 10, 1995) identifies the "non-manifest" (snang med) as the formless realm (gzugs med khams), the "manifest" (snang ba) as the desire realm ('dod pa'i * khams), and the "semi-manifest" (phyed snang) as the form realm (gzugs khams) which he attributes to Longchenpa in the yid bzhin mdzod. «
[5] « La plénitude universelle (S. mahāsukha), spontanée et inconditionnée,
Est le corps de délectation, Mahāvajradhara,
Qui [Fait resonner] le son originel (S. svaśabda) jamais engendré. »
Voir : tasmindrste mahayoge yatayato na vidyate | svasabdena bhavetpranah svadhisthanam tadasrayah || 11|| L'énergie vitale, prana (2), fait résonner dans le Svadhisthana chakra le son originel qui jamais ne fut engendré, sva-shabda - Upanishad-Joyau de la Couronne du Yoga - YOGA CHUDAMANI UPANISHAD
[6] On ne perçoit que les différences, les changements ? L'élément terre étant là depuis l'origine, il ne peut pas être perçu comme une apparence nouvelle ? On semble jouer à la fois avec le sens de terre, élément, et terre, niveau spirituel (bhûmi).
[7] "rtul" correspond à "rajas". Les trois guṇa correspondent à des dégradations de l'état naturel. Pour ce qui est du rajas, il s'agit d'une dégradation de la prise de conscience (vimarśa).
[8] La méditation naturelle et continue, relié ici à la théorie (sarvadharma)-apratiṣṭhāna (sarvadharmāpratiṣṭhāna)
[9] Le son authentique est recouvert par les sons audibles. Voir aussi l'Hymne à l'élément spiritituel
39.
Par la rencontre des sons et des oreilles
[Est produite] une perception [sensorielle] (T. shes pa) telle quelle (S. yathā-bhūtam ≠ T. rnam par dag pa).
Ces trois[23] constituent l'Élément spirituel (S. dharmadhātu) sans caractéristiques (S. lakṣana)
Mais quand la construction mentale (S. kalpana) s'y ajoute, elle devient une audition [dualiste].
[10]Les 'khor, cercles ou entourages, qui sont comme des tattvas. Les cercles du roi pancréateur. Voir aussi dans l'Hymne au dharmadhātu, le passage sur les cinq sens
[11] snang ba rang 'od kha dog rgyan
[12] Sans doute une idée ancienne. Les réflexions de notre corps que l'on perçoit dans un miroir ou dans l'eau sont jamais séparés comme une ombre. Pourtant on ne sent pas leur présence sur notr corps.
[13] C'est le stade après les apparences, quand elles sont représentées et saisies par le biais d'un sujet et d'un objet
[14] Peut-être skandha. Voir phung po'i grong la rnam shes 'jug pa. « Grong » signifie village (grāma), un groupement de maisons. Dans cette expression, les cinq constituants psychophysiques (skandha) sont comparés à un village, dans lequel entre « le principe vital ». Mais de quelle nature est ce principe vital ?
Texte tibétain (Wylie)
dus gsum dus med khyad par las//
bar dang mtshams med rtag rgyun gyis//
thog ma bar dang mtha' med par//
dus tshod grangs rnams ye zad par//
mnyam pa chen po'i sgra las ni//
yengs pa med pa'i snang ba yang//
rnam rtog rang la cha med par//
rang bzhin rdzogs pa chen po yi//
don kun blo yi dkyil du tshud//
mi snang yul kun rtog pa yang//
ma bcad rang sa nyid du chod//
'khrul ma myong bas ma rig rtsad//
ma brtags ye nas chod nas 'dug//
gang du 'di kun sus ma tshor//
rags pa'i 'byung ba bzhi kun yang//
thog ma nyid nas rang dengs par//
'gro ba'i gnas med rang sangs pas//
rang lus ye nas med par ni//
snga phyi med par 'dir yang rig//
'di kun dus med ye dus pas//
gcig dang gnyis dang drug gsum gyis//
snang med snang dang snang phyed snang//
mi snang mdzad pa'i sgra rang sangs//
sa 'dzin sa la gnas par ni//
[79]ye nas 'dug pa sus ma tshor//
bgrod du ye nas med pa yi//
lam 'di ye nas rang nye bar//
'di ni rang la ye 'dug pas//
sngar ma mthong ste rang rig rtul//
mi gnas bsam 'das dgongs pa ni//
bsgom pa med par ye 'dug pas//
'di yang ang gis sngar ma rig//
chags dang 'dzin pa'i zhen yul ni//
dang po nyid nas chos nyid las//
'di kun rang gi rang snang bar//
ye nas snang ba sngar ma rig//
bdag rtog bcings pa nyon mongs lnga//
ye nas rig pa rang shar bas//
lhan cig gnas pa zhal ma 'tsho//
sa chu me rlung 'byung ba bzhi//
ye nas rang gi lus yin par//
sus ma mthong ba'i mig de brtul//
yang gsang bsdus pa'i man ngag bcud//
bar mtshams med par rang rags pa//
gang gis 'di nyid ma thos par//
rna ba'i dbang po med dam ci//
rang gnas dbyings dang rig pa'i dri//
bral ba'i skabs med rang 'khor ba//
tshor ma myong ba sna 'gags sam//
bcud gsum man ngag gig dril lo//
ye nas lus sems bcud yin pas//
'di nyid ma myong lce chad dam//
[80]snang ba rang 'od kha dog rgyan//
rang gi lus dang 'bral med par//
lus dang grib ma bzhin du ni//
nyin dang mtshan mo med 'dug pa//
sus kyang ma rig lus bem ma ma//
sdug bsngal phyag 'ded bde ba'i chos//
brjod pa med par rang gnas pa//
sus ma shes pa blo ri brtul//
'khor ba'i bag chags yang brtsegs pa//
ye nas chos kyi skur 'dug pas//
gang gis ma mthong snying rje'i gnas//
dbang po bdag rtog yul shar nas//
dran bsam 'gyu ba sna tshogs rnams//
ye nas longs skur rang shar bas//
'di kun ma dran brjed ri ngas//
bya byed tha dad rtsol bsgrub dang//
skye bo 'dus pa'i ca co kun//
ye nas sprul pa'i sku yin pas//
sus ma shes pa ngo re brtul//
ci ltar bsam dang dran 'gyus pa//
chu yi rgyun bzhin bar med par//
rtag tu rang gi yid 'phrog par//
rtsol med rang bzhag bsgom par ni//
nyams su ma tshud sems re yengs//
snod bcud yod thos snang ba 'di//
brtags pas rang bzhin med pa yang//
grong khyer rgyun gcod lta ba ni//
ye nas 'dug pa ma mthong bar//
[81]dbang po rnams kyi sgo 'gags sam//