Le premier à enseigner les Distiques de Saraha au Tibet était Atiśa. C’était vers 1042. A l’époque, les deux autres recueils de distiques (dohākoṣa) de la « trilogie » n’existaient pas encore. Sa diffusion publique fut aussitôt arrêtée, car le message des distiques n’était pas conforme aux attentes du peuple tibétain à ce moment. Mais les instructions sur les distiques d’Atiśa furent bien transmises de façon plus discrète. Tout comme Atiśa, Padampa fut un disciple de Maitrīpa/Advayavajra. Padampa avait de nombreux disciples au Tibet, dont certains sont à l’origine de transmissions particulières.
Un de ses disciples était Magom (rma sgom chos kyi shes rab), né à Yar-stod skyer-sna, en 1054, qui est à l’origine du système de rMa (T. rma lugs). Il apprit les rudiments de la religion de son père et se fit moine. Il étudia les pratiques quotidiennes (T. spyod phyogs)[1], le madhyamaka, les Distiques selon le système de la première école (Atiśa), ainsi que, selon Geulo, le cycle de toutes les instructions des Siddhānta et des cycles du Coeur (T. grub snying)[2]. Il rencontra Dampa en 1073. Quand ce dernier lui demande ce qu'il connaît déjà, il répond : "Je connais les tantras Père et la Mahāmudrā." Padampa : "Tu connais la Mahāmudrā scriptuaire, je vais t'enseigner le sens de la Mahāmudrā." En l'instruisant, il utilisait des propos comme « le stade où les yeux restent ouverts, le flux mental cesse et où le souffle est arrêté. Cela s'obtient à l'aide d'un instructeur. »[3]. Lors de leur deuxième rencontre à 'Phan yul, Dampa lui donna des instructions à l'aide de cailloux (T. rde'u), qu'il arrangea de 64 façons différentes.[4] Magom serait l’auteur d’un texte sur la Mahāmudrā présenté comme une transmission aurale « Les instructions de la transmission aurale (T. snyan brgyud) de la Mahāmudrā de rMa », que Jamgoeun Kongtrul (1813-1899) avait intégré (T. bka' babs bar pa rma lugs phyag chen) dans sa Collection de transmissions, dans les volumes consacrés à l’école Zhi byed de Padampa. Cette école a plusieurs transmissions, celle de rMa est considérée comme l’intermédiaire. Elle est donnée ainsi :
« La lignée (transmission intermédiaire) : Vajradhara - Mañjughoṣa lion-de-la-parole (T. 'jam dbyangs smra ba'i seng ge S. Vādisiṃha Mañjughoṣa) - Seigneur Dampa l'indien - rMa sgom chos kyi shes rab - Sog po mdo sde grags - grub thob rgyal ba Te ne - Rog shes rab 'od - Zhig po nyi ma seng ge[5] - thams cad mkhyen pa bSod nams dpal »J'ai traduit ce texte et j'en publierai la traduction. Il s’agirait donc d’une transmission visionnaire que Padampa aurait reçue de la divinité Mañjughoṣa et retransmise à Magom. La vision de Mañjughoṣa était d’ailleurs loin d’être la seule...
So le nain[6] (chung dge ‘dun ‘bar 1061-1128) était le disciple de Magom, mais il avait aussi rencontré Padampa furtivement. La première rencontre entre So le nain et Dampa fut une occasion de joie et Dampa l’introduit (T. ngo sprod) aussitôt à la nature de l'esprit (S. cittatva). Un jour, lorsque Magom (le maître) et So le nain (le disciple) étaient en train de moudre du maïs, So le nain avait relâché la meule et resta les yeux grand ouverts (T. had de) pendant une longue période. Magom lui dit : « Qu’est-ce qui t’était arrivé (T. tsa cig cig byung 'dug) ? Dampa t’aurais donné des instructions ? ».[7]
Le disciple de So était le contemplatif (T. sgom chen) Meunlambar (smon lam ‘bar, 1084-1171). So le nain provoqua constamment la colère de son disciple, jusqu’à ce que ce dernier tira son couteau afin de le tuer. So se sauva alors vite derrière une porte et lui cria « Ô Meunlambar, ton esprit est maintenant si rempli de colère, regarde-le ! » Meunlambar regarda son esprit et eut un aperçu pur. Il fut emporté par la joie, saisit les deux côtés de son manteau et dansa et chanta.[8]Il servait son maître jusqu’à la mort de celui-ci en 1128. Il se construit alors un cabanon. Il dormait lui-même sur le toit et gardait ses chèvres à l’intérieur. Il passa son temps en ramassant le fumier de vaches et en jouant avec des enfants à lancer des pierres. Mais à cause de sa grande perfection intérieure, il devenait très réputé. C’est l’idéal du yogi caché, si recherché dans la lignée de Zhi byed et Kadampa[9]. Un de ses élèves (‘Chus pa) dit de lui que quand ses représentations (vikalpa) s'étaient détruites et il fut incapable d'enseigner.[10]
Son élève Melkawa (mal ka ba can pa, 1126-1211) rencontre Meunlambar (sgom smon) une première fois, mais ne le reconnaît pas. A leur deuxième rencontre, il ressent de la foi et ses yeux se remplirent de larmes. "Les yeux grand ouverts, sa conscience non-duelle était vide de représentations"[11]. Meunlambar lui dit alors : « Quand on capture quelqu’un, on peut reclamer un rançon, mais quand on identifie la conscience non-duelle, tu n’en auras point. Alors à quoi cela sert-il ? Laisse la libre ! » Suite à cela, Melkawa eut un moment de samādhi.[12] Il proposa au maître de le servir, mais celui-ci répondit qu’il avait déjà pour cela une "diable de femme" et ne l’autorisa pas à le servir. Melkawa partit puis revenait. Le maître lui fit des reproches : « Un yogi devrait être comme un chien, qui une fois vendu ne revient plus. »
La vie simple et l’indifférence de Meunlambar (le mal marié) rappelle celle de Pyrrhon, qui « vivait en tout bien tout honneur avec sa sœur, qui était sage-femme. C'est en ce temps qu'il portait lui-même au marché, pour les y vendre, des volailles, si cela se trouvait, et des petits cochons, et faisait le ménage à la maison, en toute indifférence. On dit aussi qu'il lava lui-même un porcelet, par indifférence. »[13]
Ce style de vie simple dans l’indifférence (du moins par rapport aux huit soucis mondains) est celui d’un yogi caché. On trouve parmi les transmissions Zhi byed la « transmission singulière des trois maîtres cachés » (T. chig brgyud sbad pa’i bla ma rnam gsum).
La recherche de Dharmodgata (T. chos ‘phags) par le grand dépressif Sadaprarudita (T. rtag tu ngu) dans le Prajnāpāramitā en 8.000 lignes (aṣṭasāhasrikā prajnāpāramitā-sūtra) aboutissait selon Geulo dans la ville de Ch’eng tu dans la province de Ssu-ch’uan. Car c’était là qu’aurait vécu le bodhisattva Dharmodgata qui était en possession des volumes du Prajñāpāramitā scellé de sept sceaux. A cause de cet omen (le chiffre sept), la lignée devenait une lignée à transmission unique exclusive (T. chig brgyud), c’est-à-dire que pendant sept générations de disciples, l’enseignement ne pouvait être transmis à un seul disciple à la fois.[14] A partir du septième détenteur, la transmission pouvait être librement diffusée. La transmission serait ainsi : Asaṅga, Vasubandhu, le brahmane Aryadeva, Padampa, Bodhisattva Kun dga’ (1062-1124), Pha tshab (1077-1158) et Ten ne (1127-1217).[15] Cest à partir de Ten ne que l’enseignement s’est libéré et qu’il a pu se répandre librement L’hommage que fit son disciple Zhig po (le cadet des deux frères Rog) de Ten ne ferait un beau portrait d’un maître Ch’an ou d’un yogi caché.
[1] Qui comprend le Bodhicaryavatara et le Sıksasammucaya de Santideva selon KURTIS R. SCHAEFFER (Vairocana)
[2] L'abréviation correspond officiellement aux Sept (ou huit) siddhānta (T. grub pa sde bdun) et aux Six cycles du Coeur (snying po skor drug), parmi lesquels figurent le premier recueil de distiques de Saraha.
[3] mig ni mi 'dzums, sems 'god dang, rlung 'gog pa ni dpal ldan bla mas rtogs
[4] Il n'est pas certain que cette instruction fasse partie de la Mahāmudrā. Le grand poème de la Prajñāpāramitā du brahmane Āryadeva contient une instruction pour guérir/exorciser un malade à l'aide de petites branches et de cailloux. Edou, p. 21
[5] Un des maîtres du nyingmapa Nyangrel Nyima Ozer (nyang ral nyi ma 'od zer, 1136 - 1204), yogi visionnaire (http://www.treasuryoflives.org/biographies/view/Nyangrel-Nyima-Ozer/5999)
[6] Par rapport à son frère So le géant (So ring).
[7] Blue Annals, p. 877 DT 1026
[8] Blue Annals, p. 881
[9] Voir les quatre Dharmas Kadampas :
[10] Blue Annals, p. 882
[11] Rappellons l’instruction de Dampa : « la phase pendant laquelle les yeux restent ouverts, que le (flot) mental cesse et que le souffle est arrêté. Cela peut être obtenue grâce à un maître authentique (dpal ldan bla ma) »
[12] Blue Annals, p. 889. Satori?
[13] Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, La Pochotèque, p. 1103
[14] Ceux qui ont suivi ce blog sauront que c’est là un des procédés pour expliquer l’apparition tardive d’une instruction, pour en gonfler l’ancienneté et pour l’attribuer à un illustre maître du passé.
[15] Blue Annals, p. 938
[16] ‘phral ‘dod pa che che ‘dra yang gting ‘dzin bzang po’i bla ma/
‘phral gang blun blun ‘dra yang gting zhe bcad che ba’i bla ma/
‘phral ‘grogs mi bde ba ltar snang yang bral na snying la ‘dod pa’i bla ma/
‘phral lus ngag tha mal du sdod pa ltar snang yang gting dge sbyor yengs pa med pa’i bla ma/
‘phral mi sgom par car nyal byed pa ltar snang yang nang nas ting nge ‘dzin gyi sgo dpag tu med pa ‘byed pa’i bla ma/
spyir thos bsam rgya chen po ma mdzad kyang nang nas sgom byung gi shes rav me ltar ‘bar pa’i bla ma/
‘phral chos la dam pa ltar snang yang sgrub brgyud phyi phyir ‘phel pa’i bla ma/
‘rje sbas pa’i rgyal po mi gzugs can de la gsol ba ‘debs so/ Blue Annals, p. 938, tib. 1092. Cette idée existe déjà dans l’Avata.msaka. VKN, Lamotte p. p. 36
Le disciple de So était le contemplatif (T. sgom chen) Meunlambar (smon lam ‘bar, 1084-1171). So le nain provoqua constamment la colère de son disciple, jusqu’à ce que ce dernier tira son couteau afin de le tuer. So se sauva alors vite derrière une porte et lui cria « Ô Meunlambar, ton esprit est maintenant si rempli de colère, regarde-le ! » Meunlambar regarda son esprit et eut un aperçu pur. Il fut emporté par la joie, saisit les deux côtés de son manteau et dansa et chanta.[8]Il servait son maître jusqu’à la mort de celui-ci en 1128. Il se construit alors un cabanon. Il dormait lui-même sur le toit et gardait ses chèvres à l’intérieur. Il passa son temps en ramassant le fumier de vaches et en jouant avec des enfants à lancer des pierres. Mais à cause de sa grande perfection intérieure, il devenait très réputé. C’est l’idéal du yogi caché, si recherché dans la lignée de Zhi byed et Kadampa[9]. Un de ses élèves (‘Chus pa) dit de lui que quand ses représentations (vikalpa) s'étaient détruites et il fut incapable d'enseigner.[10]
Son élève Melkawa (mal ka ba can pa, 1126-1211) rencontre Meunlambar (sgom smon) une première fois, mais ne le reconnaît pas. A leur deuxième rencontre, il ressent de la foi et ses yeux se remplirent de larmes. "Les yeux grand ouverts, sa conscience non-duelle était vide de représentations"[11]. Meunlambar lui dit alors : « Quand on capture quelqu’un, on peut reclamer un rançon, mais quand on identifie la conscience non-duelle, tu n’en auras point. Alors à quoi cela sert-il ? Laisse la libre ! » Suite à cela, Melkawa eut un moment de samādhi.[12] Il proposa au maître de le servir, mais celui-ci répondit qu’il avait déjà pour cela une "diable de femme" et ne l’autorisa pas à le servir. Melkawa partit puis revenait. Le maître lui fit des reproches : « Un yogi devrait être comme un chien, qui une fois vendu ne revient plus. »
La vie simple et l’indifférence de Meunlambar (le mal marié) rappelle celle de Pyrrhon, qui « vivait en tout bien tout honneur avec sa sœur, qui était sage-femme. C'est en ce temps qu'il portait lui-même au marché, pour les y vendre, des volailles, si cela se trouvait, et des petits cochons, et faisait le ménage à la maison, en toute indifférence. On dit aussi qu'il lava lui-même un porcelet, par indifférence. »[13]
Ce style de vie simple dans l’indifférence (du moins par rapport aux huit soucis mondains) est celui d’un yogi caché. On trouve parmi les transmissions Zhi byed la « transmission singulière des trois maîtres cachés » (T. chig brgyud sbad pa’i bla ma rnam gsum).
La recherche de Dharmodgata (T. chos ‘phags) par le grand dépressif Sadaprarudita (T. rtag tu ngu) dans le Prajnāpāramitā en 8.000 lignes (aṣṭasāhasrikā prajnāpāramitā-sūtra) aboutissait selon Geulo dans la ville de Ch’eng tu dans la province de Ssu-ch’uan. Car c’était là qu’aurait vécu le bodhisattva Dharmodgata qui était en possession des volumes du Prajñāpāramitā scellé de sept sceaux. A cause de cet omen (le chiffre sept), la lignée devenait une lignée à transmission unique exclusive (T. chig brgyud), c’est-à-dire que pendant sept générations de disciples, l’enseignement ne pouvait être transmis à un seul disciple à la fois.[14] A partir du septième détenteur, la transmission pouvait être librement diffusée. La transmission serait ainsi : Asaṅga, Vasubandhu, le brahmane Aryadeva, Padampa, Bodhisattva Kun dga’ (1062-1124), Pha tshab (1077-1158) et Ten ne (1127-1217).[15] Cest à partir de Ten ne que l’enseignement s’est libéré et qu’il a pu se répandre librement L’hommage que fit son disciple Zhig po (le cadet des deux frères Rog) de Ten ne ferait un beau portrait d’un maître Ch’an ou d’un yogi caché.
« Extérieurement ses envies semblaient énormes, mais intérieurement ce maître eut un samādhi excellent ;
Extérieurement il avait l’air totalement idiot, mais intérieurement ce maître possédait une grande détermination (T. zhe bcad) ;
Extérieurement il semblait pas facile d’approche, mais intérieurement ce maître manquait, dès qu’on en était séparé ;
Extérieurement ses paroles et actions semblaient ordinaires, mais intérieurement c’était un maître jamais séparé de spiritualité (T. dge sbyor) ;
Extérieurement il semblait se laisser aller sans jamais méditer, mais intérieurement c’était un maître qui ouvrait les portes de samādhi sans nombre ;
Extérieurement il semblait ne jamais étudier et réfléchir, mais intérieurement c’était un maître dont la sagesse brûlait comme du feu ;
Extérieurement il semblait avare (T. dam pa/dam po) en religion, mais c’était un maître qui a très largement répandu (T. phyi phyir ‘phel ba’i) la lignée de la pratique. »
C’est en ces termes qu’il composa la prière aux seigneur roi caché dans une apparence humaine.[16]
***
[1] Qui comprend le Bodhicaryavatara et le Sıksasammucaya de Santideva selon KURTIS R. SCHAEFFER (Vairocana)
[2] L'abréviation correspond officiellement aux Sept (ou huit) siddhānta (T. grub pa sde bdun) et aux Six cycles du Coeur (snying po skor drug), parmi lesquels figurent le premier recueil de distiques de Saraha.
[3] mig ni mi 'dzums, sems 'god dang, rlung 'gog pa ni dpal ldan bla mas rtogs
[4] Il n'est pas certain que cette instruction fasse partie de la Mahāmudrā. Le grand poème de la Prajñāpāramitā du brahmane Āryadeva contient une instruction pour guérir/exorciser un malade à l'aide de petites branches et de cailloux. Edou, p. 21
[5] Un des maîtres du nyingmapa Nyangrel Nyima Ozer (nyang ral nyi ma 'od zer, 1136 - 1204), yogi visionnaire (http://www.treasuryoflives.org/biographies/view/Nyangrel-Nyima-Ozer/5999)
[6] Par rapport à son frère So le géant (So ring).
[7] Blue Annals, p. 877 DT 1026
[8] Blue Annals, p. 881
[9] Voir les quatre Dharmas Kadampas :
[10] Blue Annals, p. 882
[11] Rappellons l’instruction de Dampa : « la phase pendant laquelle les yeux restent ouverts, que le (flot) mental cesse et que le souffle est arrêté. Cela peut être obtenue grâce à un maître authentique (dpal ldan bla ma) »
[12] Blue Annals, p. 889. Satori?
[13] Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, La Pochotèque, p. 1103
[14] Ceux qui ont suivi ce blog sauront que c’est là un des procédés pour expliquer l’apparition tardive d’une instruction, pour en gonfler l’ancienneté et pour l’attribuer à un illustre maître du passé.
[15] Blue Annals, p. 938
[16] ‘phral ‘dod pa che che ‘dra yang gting ‘dzin bzang po’i bla ma/
‘phral gang blun blun ‘dra yang gting zhe bcad che ba’i bla ma/
‘phral ‘grogs mi bde ba ltar snang yang bral na snying la ‘dod pa’i bla ma/
‘phral lus ngag tha mal du sdod pa ltar snang yang gting dge sbyor yengs pa med pa’i bla ma/
‘phral mi sgom par car nyal byed pa ltar snang yang nang nas ting nge ‘dzin gyi sgo dpag tu med pa ‘byed pa’i bla ma/
spyir thos bsam rgya chen po ma mdzad kyang nang nas sgom byung gi shes rav me ltar ‘bar pa’i bla ma/
‘phral chos la dam pa ltar snang yang sgrub brgyud phyi phyir ‘phel pa’i bla ma/
‘rje sbas pa’i rgyal po mi gzugs can de la gsol ba ‘debs so/ Blue Annals, p. 938, tib. 1092. Cette idée existe déjà dans l’Avata.msaka. VKN, Lamotte p. p. 36